.:: Dès le matin, tous des petits détails se réunirent pour mettre notre rousse de mauvaise humeur. Pour commencer, son petit déjeuné resta trop longtemps sur le feu, résultat : tout était soit trop chaud ou brûlé et elle n’avait plus le luxe d’attendre que les seuls aliments encore consommables refroidissent. Si d’ordinaire elle se fichait d’arriver en retard, aujourd’hui, elle devait rejoindre Simon, son maître, pour une de ses réunions et lorsqu’il s’agissait du caporal, notre soldate de la garnison ne se permettait aucun manquement à son devoir. Son regard tourna vers l’horloge au mur : plus le temps. Son estomac allait devoir le supporter, elle devait filer. Il était rare pour Lydia de manquer un repas et cela ne pouvait que prouver l’importance de Simon à ses yeux. Ses soldats pourraient bien vous confirmer à quel point Lydia est une gourmande à l’appétit insatiable et qu'il était étonnant de la voir manquer un repas. Elle ouvrit la porte, un grand soleil brûlant l’accueillit. Malheurs… Sa colère s’en multiplia, elle détestait la chaleur, sa peau étant d’une extrême pâleur, elle devenait rapidement une écrevisse sous de telle chaleur. Elle prit son ombrelle, elle aimait prendre soin de son apparence et particulièrement de ses cheveux et de sa peau malgré son statut de soldate. Au moins, elle pourrait facilement se fondre dans la masse à Stohess, les femmes riches se baladaient elles aussi avec des ombrelles. L’idée de leur ressembler ne l’enchantait guère, mais sur ce point elle ne pouvait que comprendre leur attachement à cet accessoire.

.:: Elle se dirigea vers le mur Sina, au district de Stohess en compagnie de son maître, Simon et de Jack, le bras droit de ce dernier. Simon avait une réunion avec des gradés des brigades spéciales. Notre cheffe d’escouade n’avait pas obtenu l’autorisation de participer à cette réunion, néanmoins, avec les rébellions et ne faisant pas confiance à la brigade, elle avait insisté auprès de Simon pour pouvoir au moins l’accompagner jusqu’au bâtiment où se déroulait la réunion. Elle faisait confiance à Jack pour le protéger en cas de problème à l’intérieur. Elle n'avait surtout pas le choix, en fait. De ce fait, cette raison fut une de plus dans le lot des choses qui attisaient sa colère aujourd’hui. À ses yeux, cette ville était plus dangereuse qu’à l’extérieur des murs. L’avantage avec les titans, c’était qu’elle connaissait leur but : les dévorer. Ils sont des êtres prévisibles, contrairement aux humains qui sont des créatures intelligentes, manipulatrices et perfides. Avec eux, elle devait constamment rester sur ses gardes. Même un enfant aux allures innocentes pouvait avoir un couteau dans sa poche avec l’ordre de vous assassiner. Pour preuve : le colossale et le cuirassé sont eux aussi des humains pouvant se transformer en titan, comme cet Eren Jaeger. C’était bien là la preuve qu’il fallait enquêter du côté des humains plutôt que du côté des titans !

.:: Ils marchèrent dans les rues de Stohess. Cette ville la déprimait. Tout était blanc et gris, et même si l’architecture baroque donnait une allure artistique à la ville, pour Lydia, elle lui donnait l’impression de descendre en enfer. Elle préférait l’hospitalité d’un bon bar médiocre avec des gens saouls, souriants, riants et chantants. Évidemment, il y avait également beaucoup d’imbéciles au mur Rose, tout comme il y avait des gens bien à Stohess, mais ici, les apparences étaient importantes et elle détestait tous ces gens qui donnaient l’impression de marcher avec un balai dans le derrière.

.:: Accroupie devant un grand bâtiment blanc, sous l’ombre d’un toit, Lydia observait les allées et les venues des passants, l’ennui commençant à l’envahir doucement et la chaleur imprégnant de plus en plus chaque pore de sa peau... Il faisait chaud... Trop chaud. Elle tenta vainement de s’éventer avec sa main, mais ne brassait que de l’air chaud. Irritée, elle se leva, regardant la porte derrière elle. La réunion risquait de prendre du temps, elle pouvait s’éloigner un peu afin d’aller s’hydrater dans un bar… Décision prise, abritée sous son ombrelle, elle prit son courage à deux mains et parcourut l’allée à la recherche d’un bar. Heureusement pour cette dernière, il y en avait un pas très loin. Sur sa route, elle croisa une jeune femme allongée sur un banc, à l’ombre d’un arbre. Cette place semblait fort sympathique… et se trouvait juste en face du bar. Le regard saphir de la cheffe d'escouade se porta longuement sur la jeune femme endormie, puis sur le bar. Sa mauvaise humeur germa dans son esprit une idée diabolique. Elle était énervée et ressentait le besoin de faire de mauvais tours pour rendre cette journée plus agréable. De plus, cette jeune femme portait l’uniforme des brigades spéciales, une raison suffisante pour notre rousse d’aller l’embêter et lui piquer sa place.

.:: La bière commandée, elle s’approcha discrètement de la soldate, verre en main et s’accroupit devant son visage. Un visage fin, pâle et jeune, mais dont les traits montraient une certaine maturité. Elle devait avoir la même tranche d’âge que notre rousse : dans la vingtaine. Sa respiration était calme avec un rythme régulier. Tout en gardant son expression impassible, Lydia poussa son index contre la joue de la jeune femme.

▬ Il a l’air confortable ton banc, tu pourrais partager, prononça la cheffe d’escouade de la garnison sur un ton aussi impassible que son expression tout en tirant sur la joue de la demoiselle à la chevelure châtaine. Vous semblez avoir la vie dure chez les brigades à ce que je vois... Railla-t-elle, en réalité énervée de ne pas pouvoir faire la même chose en ce moment même.

.:: Par habitude à pointer le bout de son nez là où on ne l’attendait pas, notre cheffe d’escouade était préparée à toute sorte de réaction et ses réflexes agiles lui donnaient l’avantage de pouvoir facilement les esquiver. En gros : elle était préparée à un réveil violent, Jack possédait ce genre de réflexes et il était sa cible favorite.

.:: Comme prévu, le réveil de la soldate fut brutal, mais notre rousse évita le coup sans difficulté. La dormeuse ne semblait pas méchante, répondant à la critique faite à son corps d'armée avec un sourire moqueur que Lydia rendit.

▬ Je ne suis pas vraiment en service... Tu devrais savoir que la garnison ne patrouille pas ici, lui rappela-t-elle avec un sourire méprisant aux lèvres. J'attends mon chef, ajouta-t-elle en donnant un coup de menton en direction du bâtiment où se déroulait la réunion. Il cause avec tes supérieurs.

.:: La soldate des brigades spéciales s'étant redressée, notre cheffe d'escouade en profita pour s'asseoir à côté d'elle. Son but était là depuis le début, chasser petit à petit l'individu allongé sur l'objet de sa convoitise.

▬ Je supporte très mal la chaleur, je cherchais un coin à l'ombre, expliqua-t-elle en tapotant le banc afin de lui indiquer qu'elle occupait ce petit coin de paradis qu'elle recherchait. Ce banc me plaisait bien alors je t'ai réveillé pour que tu me laisses une place. Lydia : la franchise dans toute sa splendeur.

.:: En réalité, elle s'ennuyait et elle avait simplement trouvé comme passe-temps d'aller enquiquiner les brigades spéciales. Elle but une nouvelle gorgée avant d'ajouter :

▬ Visiblement tu te fiches de nuire à la réputation déjà pas terrible des brigades spéciales... Le ton employé ne formulait pas une critique, mais une simple observation dite dans la même nonchalance habituelle qu'utilisait Lydia. Elle savait qu'il y avait beaucoup de tire-au-flanc chez les brigades, tout comme il y en avait dans la garnison avant l'attaque de Shiganshina, elle ne pouvait pas vraiment la juger pour cela puisqu'elle était exactement pareille. La seule chose qu'elle n'aimait pas dans ce district et chez les Brigades Spéciales en particulier, c'était le manque de justice. La police militaire des murs étant connue dans l'armée pour être corrompue. La prochaine fois enlève au moins ta veste, tu passeras plus inaperçue et cela te causera moins d'ennuis... Un conseil donné en tant qu'habituée des sanctions.

.:: Elle ferma son ombrelle la posant dressée à côté d'elle sur le banc, son bras droit autour de celle-ci pour l'empêcher de tomber. Elle finit son verre d'une traite et posa ce dernier à terre. Je m'appelle Lydia, et toi ? Son prénom suffisait à ses yeux. Elle ne voyait pas l'intérêt de se présenter avec toutes les manières que le voulait la bonne conduite. Elle ne cherchait pas des amis, uniquement un passe-temps. Elle voyait là également l'occasion de créer une relation au sein des Brigades. Notre rousse aimait enquêter sur la vérité et fourrer son nez dans les histoires compliquées. Elle pourrait tout aussi bien entrer dans les Brigades Spéciales pour s'y infiltrer directement, mais elle ne voulait pas être séparée de Simon. Néanmoins, si celui-ci lui donnait l'ordre, elle lui obéirait et se ferait un plaisir d'enquêter sur ces histoires de titans humains.

.:: Lydia se contenta d’observer longuement la jeune femme des brigades sans ne rien dire affichant son célèbre masque d’indifférence. Elle n’était pas dangereusement douée au poker pour rien. Elle finit enfin par tourner son visage vers le ciel, buvant une nouvelle gorgée de sa bière.

▬ Peut-être bien… Lâcha-t-elle simplement à la remarque sur son service en cours. En réalité, elle n’en avait rien à faire, elle aussi et n’appliquait pas vraiment ses propres conseils. En service ou pas, elle portait actuellement l’uniforme et portait donc atteinte à la réputation de l’armée en agissant comme elle le faisait.

.:: Avant qu’elle ne put en dire plus, elle copia Lydia en ne donnant que son prénom : Erika. Une simple formalité pour donner un prénom sur le visage de l’autre, une réponse qui allait parfaitement à Lydia. Les deux jeunes femmes semblaient au moins s’entendre sur ce point. Mais cette entente n’allait visiblement pas durer. Tel un chien marquant son territoire, la soldate des brigades tenta de gagner en terrain en s’étendant sur le banc à l’aide de son bras tout en posant des questions sur cette réunion pour attirer l’attention de la jeune rousse. Une action que Lydia suivait discrètement du regard comme ses chiens faisant mine de dormir et ouvrant de temps en temps un œil pour surveiller l’intrus les approchant petit à petit. Pour répondre à sa conquête de territoire, elle vint écraser brutalement son dos (en mesurant tout même la puissance pour ne pas se faire mal) contre le dossier du banc, là où pendait quelques doigts de la soldate et fit mine de s’étirer de tout son long. Oups.

▬ J’en sais foutrement rien et je m’en cogne, mais j’espère qu’ils n’en auront pas pour longtemps moi aussi, malheureusement, connaissant Simon, il ne les laissera pas s’en tirer facilement, quand il a un truc en tête, il sait faire en sorte qu’on l’écoute, répondit-elle s’intéressant réellement qu’à l’aboutissement de son attaque intéressée de savoir si elle avait atteint sa cible ou si Erika avait réalisé son attaque juste à temps.  

.:: Autant dire que cette conversation n’avait aucun sens. Les deux jeunes femmes ne désiraient pas sociabiliser, juste obtenir ce banc à l’ombre pour elle seule. La pinte de Lydia était bientôt vide et elle ne pouvait pas se risquer à se lever pour en chercher une autre sans perdre son territoire. C’était comme se retrouver en manque de vivres en pleine bataille alors qu’il fallait garder sa position. La soldate des brigades ne semblait pas confrontée à ce problème. Dormir lui suffisait, elle supportait visiblement mieux la chaleur que notre rousse.

▬ Dit… Tu parlais des brigades ne se bougeant pas le cul tout à l’heure… Ça ne te dirait pas d’être différente des autres et de bouger le tien pour accomplir ton devoir ? Répliqua-t-elle dans le plus normal des mondes. Quand on manquait de vivres, il fallait savoir envoyer l’artillerie lourde pour mettre rapidement fin à une bataille.

.:: Elle fixa longuement de biais la soldate des brigades, le regard légèrement plissés, mécontente. Évidemment, elle ne s’attendait pas à la voir se lever et partir remplir son devoir, mais notre rousse espérait une réaction plus vive qui lui aurait permis de l’attaquer. Fait chier, se disait-elle. La faire bouger de ce banc allait lui demander des efforts, chose que Lydia détestait faire, tout comme elle détestait perdre. Dilemme.

▬ La même chose que vous, plus ou moins, avec de l’expérience. Le vol, la corruption et l’assassinat en moins, ajouta-t-elle avec le même ton désinvolte que la soldate des brigades.

.:: Elle non plus ne disait pas cela dans le but de l’attaquer. Notre rousse ne connaissait tout simplement pas la demi-mesure. Si elle n’aimait pas les brigades pour telle ou telle raison, elle vous le dira, tout comme elle ne s’empêchera pas de cracher sur son propre corps d’armée. Elle ne critiquera jamais sans argument. Elle ne réfuta donc pas les faits d’Erika. Ils n’étaient pas faux, tout comme les siens. La garnison aussi faible paraissait-elle, elle était le corps d’armée le plus polyvalent. Elle s’occupait de la sécurité civile et possédait de l’expérience avec les titans depuis l’attaque des murs. Expérience qui lui avait permis d’améliorer son système de défense ainsi que d’évacuation des civils. Elle maniait également les armes à feu même si les canons manquaient d’efficacité comme le soulignait la soldate des brigades. Malgré cela, elle n’était pas si différente des brigades. Lydia était certaine que beaucoup de membre de la garnison étaient aussi corruptibles et peureux que ceux des brigades, ils n’avaient simplement pas eu la chance de finir parmi les meilleurs et menaient la sécurité d’un secteur pauvre, néanmoins, l’expérience face aux titans avait malgré tout forgé le caractère de plus d’un soldat. Au final, seul le bataillon était plus ou moins digne de respect, même s’ils étaient des fous suicidaires et qu’aux yeux de notre rousse leur but manquait de cohérence. Qu’avaient-ils à apprendre à n'avancer que de quelques kilomètres à chaque exploration alors que toutes les réponses se trouvaient certainement au sein même de ces murs ?

▬ Nos canons pourraient servir si on acceptait de me laisser les perfectionner, continua notre cheffe d’escouade en haussant les épaules, mi-furieuse, mi-boudeuse. Tout ce que tenait Lydia dans ses mains pouvait devenir une arme. Elle adorait bidouiller les machines et particulièrement fabriquer des armes. La preuve en était avec son ombrelle transformée en épée camouflée. Plus d’une fois, elle avait proposé une amélioration des canons, mais ses supérieurs l’avaient toujours ignoré avec un regard craintif.

.:: Le monde entre les murs semblait comme figé dans le temps et le plus étrange de cela était que la population acceptait cela. Du moins, d’apparence et depuis l’arrivée de ces titans/humains, les mentalités commençaient à changer. Le monde commençait enfin à se poser des questions et le bataillon d’exploration exploita minutieusement cette occasion. En effet, le gouvernement avait accepté la création de ce corps d’armée pour apaiser les esprits curieux le composant, mais hélas, il était très limité dans ses recherches. Un fait bien calculé par la noblesse. Seulement, aujourd’hui Erwin Smith profitait de cette nouvelle menace pour obtenir gain de cause à l’exécution de ses recherches. Résultat ? Il se retrouvait en prison avec un motif bidon. Impossible pour notre tête chercheuse rousse de ne pas flairer anguille sous roche. Évidemment, Lydia ignorait l’assassinat des trop curieux effectué par les brigades dans le passé. Des assassinats déguisés en accident ou en suicide. Tout comme elle ignorait qu’elle-même se trouvait dans la liste des têtes surveillés pour ses idées de modernismes et sa langue trop pendue. Elle avait évité jusque-là la mort grâce à Simon et Pixis qui l’avait empêché de mener à bien ses recherches. Toutefois, elle n’était pas dupe et le problème se trouvait là.

▬ Tu vas avoir les fesses plates à rester trop longtemps assise sur ce banc, tu devrais marcher un peu, tenta-t-elle sans réelle attente de réussite. C’était nul, mais il ne se passait rien autour d’elle qui pourrait l’aider à trouver une idée. Elle avait beau guetter les gens dans le besoin, personne ne semblait avoir besoin d’un soldat. Regarde, là-bas, dit-elle en montrant deux hommes en costumes au comportement réellement étrange. Je suis sûre que les mecs, là-bas, sont en train de faire des échanges illégaux, tu devrais peut-être aller voir ça de plus prêt.

.:: La contre-attaque de la soldate des brigades manquait de mordant, c’était même un cadeau tant il était facile pour notre rousse de rétorquer à cela, toutefois, elle ne semblait pas se laisser atteindre. Elle restait aussi stoïque que notre soldate de la garnison. En réalité, toutes deux s'en fichaient totalement de défendre les valeurs de leur corps d’armée, c’était simplement un combat à qui aura le dernier mot. Ou plutôt, à qui trouvera le stratagème pour virer l’autre de ce banc.

▬ Parce que vous agissez même lorsqu’il y a un problème ? Corrigea notre rousse, moqueuse. Tu sembles être du genre à rester assise une grande partie de la journée, ça ne te changera pas de l’ordinaire…, non ? Tenta-t-elle avec peu d’espoir qu’elle réagisse à cette attaque.

.:: Leurs échanges commençaient à ressembler à un combat entre mollusques. Leur corps bougeait à peine, leur visage n’affichait aucune émotion, elles semblaient toutes deux mortes, lasses, regardant le vide en se lançant des piques qui n’avaient aucun impact sur l’autre. En d’autres circonstances, Lydia et cette Erika pourraient certainement devenir de bonnes amies. Elles se ressemblaient. Il ne manquait plus qu’elle apprenne que la soldate des brigades soit aussi taquine et malicieuse qu’elle et alors un terrible duo de sadique pourrait voir le jour.

.:: Enfin, Erika commença à faiblir la première dans cet échange sans intérêt. Elle cessa de maquiller ses intentions et de jouer les aveugles face à celles de notre rousse. Notre soldate des brigades alla droit au but en affirmant qu’elle ne comptait pas lui laisser sa place.

▬ Je supporte très mal le soleil et je dois attendre mon supérieur et vois-tu, c’est le seul banc à l’ombre du coin… Commença Lydia, cessant à son tour de tourner autour du pot. Si tu ne me laisses pas ce banc, je pourrais faire un malaise pour avoir attendu au soleil et je n’hésiterai pas à dire qu’Erika, des brigades spéciale, a refusé de me laisser une place sur le banc même après l’avoir prévenue de ma fragilité sous le soleil, et là, tu risquerais d’avoir de la paperasse à faire, tu n’as pas envie d’en arriver là, n’est-ce pas ? Sa voix changea, devenant plus sournoise et menaçante. Elle non plus n’avait pas envie d’en arriver là en vérité, ça demandait des efforts de jouer la comédie même si cela pouvait être drôle. Alors maintenant, j’aimerais que tu me laisses ce banc, j’aimerais dormir.

.:: Les mollusques c’étaient transformés en deux enfants, usant de stratagème et de discours aussi enfantin l’une comme l’autre. L’autre proclamant son droit de rester pour être arrivée la première et l’autre la menaçant de la balancer « aux adultes » en usant d’un mensonge. Le plus absurde dans cette situation était le motif de ce combat : pouvoir dormir. Il y avait un tas d’endroits où les deux jeunes femmes pourraient s’installer pour se reposer, mais non, elles avaient choisi CE banc. Leur Saint Graal, leur précieux. Et dans ce combat de territoire, le plus contradictoire était d’être prêt à fournir autant d’efforts pour ne pas perdre alors que leur but était de pouvoir rester là pour ne rien faire. À cette allure, l’heure tournerait tout comme le soleil, et ce banc ne serait plus à l’ombre qu’elles seraient encore assise ici à se battre pour la place.