Il était une fois, dans une petite ville tranquille, une petite fille dormait dans son lit. Elle ronflait si fort qu’elle faisait trembler la petite cage de son hamster, réveillant la pauvre bestiole par moment. C’était le soir du Réveillon, et elle dormait profondément, comme ses parents en ce moment. Il était dommage qu’ils n’aient pas pu acheter de bouchons d’oreilles pour le hamster, qui semblait mécontent du traitement qu’on lui infligeait depuis longtemps maintenant, contrairement aux parents, qui eux, portaient des bouchons d’oreilles pour dormir en paix. C’était ce qui allait aider Erika dans cette histoire, car dehors, une chose incroyable se produit.

D’abord réveillée par une lueur dorée qui passait par moments sur ses paupières fermées, elle dut les rouvrir, et quelle fut sa surprise quand elle aperçut un énorme train dehors sa maison, alors qu’elle ne se souvenait certainement pas qu’il y avait des rails dans sa rue, encore moins une station de train quelque part. Et puis, elle n’avait pas une bonne mémoire, il fallait simplement observer son dernier bulletin scolaire, caché dans la poubelle. Mais ça, il ne fallait pas le dire aux autres, chuuuuut. Sortant et s’habillant chaudement, elle rejoignit un étrange bonhomme habillé comme un contrôleur de train, de petite taille et un air mauvais au visage.

-Bienvenue au Boréal Express, gamine.

-C’est quoi, le Boréal Express ? Demanda-t-elle

-C’est le train qui va t’emmener au Pôle Nord, répondit le petit homme

-On m’a dit que le Père Noel, il n’existe pas.

-On m’a dit que t’étais une enfant sage, mais je me retrouve ici en train d’essayer de te convaincre d’y aller.

-Ce n’est pas très gentil, ça, monsieur.

-Je n’ai pas eu mon café, alors monte.

-Non.

Le méchant monsieur dut la traîner par la peau du cou et la faire s’asseoir dans un des nombreux bancs du wagon. Devant elle, une fille aux cheveux sombres et au regard bleu profond la dévisageait d’un air méchant.

-T’es qui, toi ?

-Erika. Et toi ?

-Skyler.

-Ce n’est pas beau, comme nom.

-Bah tes cheveux, ils ressemblent au balai dans ma maison.

-J’ignorais que ta maison était un placard à balais.

Les deux petites filles se haïssaient déjà, et il était clair qu’elle allait devoir se la coltiner pour le reste du voyage tandis que le train démarrait et que sa maison disparaissait de sa vue. Elle se sentit triste. Soudainement, son regard se posa sur celui d’une petite fille aux cheveux rouges.

-Salut ! Moi, je m’appelle Rashieka. Rashieka Bartels.

-Erika. Erika Niebieski.

-N-Nebeski ?

-Niebieski.

-Niebieskiski ?

Elle ne l’aimait pas, elle aussi. Elle avait l’air gentille, pourtant. Pourquoi est-ce qu’on écorchait son nom ? Son regard se tourna sur l’un des sièges les plus proche, ou un jeune garçon y était assis. En dépit de son air malcommode, il avait l’air gentil.

-Et toi, tu t’appelles comment ?

-Arndt.

-Pourquoi t’a l’air de te cacher ?

-IL EST OÙ ?! Fit alors une voix qui claqua comme le tonnerre

-Oh non... fit alors le garçon.

Car au fond de l’allée du wagon se trouvait une autre fille aux cheveux de flamme, qui descendit avec les bras croisés et un air furibond. Mais elle se calma très vite en le voyant et en s’installant dans son siège. La petite fille regarda ensuite Erika et Rashieka, qui avait tous les deux un air ahuri.

-Moi, je suis Katerina ! Et lui, c’est Arndt ! Mon petit copain, on fréquente la même école.

-Mais, je ne suis pas ton petit copain...

-Chut, petit copain.

C’est ainsi donc ce que ressent une souris emprisonnée par un serpent, pensait alors Erika. Elle se souvenait de son oncle et du serpent qu’il avait eu chez lui. Maintenant qu’elle y pensait, elle se demandait pourquoi son oncle possédait un python. Laissant sans un mot Rashieka et les autres, elle finit par rejoindre le banc d’un autre enfant solitaire. Peut-être qu’il serait plus sympa que les autres ? Regardant dehors, elle aperçut le restaurant à crêpe qu’elle adorait fréquenter.

-J’y mange souvent, là-bas. Et toi ?

-Non. Ça pue, les crêpes. Le fromage, c’est mieux.

Finalement, il n’était pas sympa. Elle dut rejoindre un autre banc, tout en écoutant au loin les conversations de Rashieka et d’un grand garçon du nom de Soé. Eh. Comme Crusoé. Il y eut même une petite fille nommée Irene qui semblait bien aimer discuter de breuvages avec Katerina. Elles ressemblaient à l’une de ses tantes qui avaient du soda magique chez elle, et qu’elle buvait beaucoup. Un peu trop, d’ailleurs. Plus tard, le méchant petit monsieur apparut en ayant ouvert une porte et parla au-travers d’un microphone.

-Qui veut du chocolat chaud ?

Plusieurs enfants levèrent la main pour en demander.

Peut-être qu’en fin de compte, le monsieur n’était pas si méchant que ça.

-Eh ben vous n'en aurez pas, garnements.

Elle se demandait si c’était le père fouettard, en fin de compte.

-Je rigole. Je vais vous apporter des breuvages chauds.

Elle était heureuse, un instant.

Puis elle se rendit compte que c’était du thé tout pourri avec aucun sucre. Il semblerait que le petit garçon qui aimait le fromage aimât aussi le thé, cela dit. Le voyage se déroula sans soucis – hormis une bataille entre elle et Skyler qui avait tourné presque à l’arrachage de cheveux – et ils atteignirent la ville du Père Noel. De là, elle rencontra des lutins et des rennes qui parlaient, se plaignant de la baisse de leurs rations de gruau chaud. De vraies racailles ceux-là, avaient dit les elfes, toujours à se plaindre. Vint plus tard le Père Noel, qui rit et distribuait alors des cadeaux. Elle put recevoir une machine à crêpe. Mais elle n’avait rien pour faire les crêpes.

-Alors les enfants, vous avez aimé le voyage ? Demandait le méchant monsieur. Voulez-vous faire une visite guidée ?

Les enfants dirent oui. Mais Erika avait un autre plan en tête.

-Non, allez voir ailleurs, je veux rentrer chez moi.

Le petit homme lui dit non.

C’est ainsi qu’Erika vola alors le train pour rentrer chez elle.

Non sans avoir volé dans la cuisine de la pâte à crêpes. Parce que c'était bon, et que le fromage, ça puait.