Marchait-elle libre pour une des dernières fois de sa vie ? Sûrement. Elle ne voulait pas en être certaine, mais au fond elle connaissait déjà la réponse. Le contrôle de son existence lui échappait totalement, et elle ne pouvait rien faire contre.

Alors elle marchait, perdue totalement dans une rue d'abord bondée. Tous allaient et venaient, comme un grand fleuve que l'on n'arrête pas. Le brouhaha de la vie qui bouillonnait chaque jour dans les rues de Sina. Le temps passait, elle marchait encore. Le brouillard d'un matin d'hiver qui ne voulait pas se retirer, descendait entre les silhouettes ombreuses des gens. Elles se faisaient de plus en plus rares et le brouillard se faisait de plus en plus épais. Rashieka descendit dans une petite ruelle aux larges et longs escaliers de pierres vieilles. Les pavés détraqués avaient vécu, certains étaient glissants. On ne voyait pas la majorité d'entre eux. A vrai dire, elle n'y voyait plus grand chose à présent.

Comme dans sa vie.

La rousse s'arrêta, prise d'un doute. Où se trouvait-elle ? Elle n'y voyait même plus à un mètre devant elle. Où allait-elle déjà ? Elle ne le savait pas. Elle ne le savait plus. Un regard en arrière, suspicieux. Et maintenant, quoi faire ?
Rash avança d'un pas, et sa botte rencontra un caillou qui vola quelques mètres plus loin, ses bonds retentissant dans un écho caverneux tout le long de la ruelle.