SNK REBIRTH est un forum basé sur le manga Shingeki No Kyojin. L'intrigue se détache de l'oeuvre originale à partir de l'expédition contre le Titan Féminin. 10 lignes minimum - Rp violent toléré.

En ce moment
Erwin Smith est accusé du meurtre de Naile Dork, fait sinistre effectué lors de l'investiture du roi. Destitué de son grade et de son poste de commandement, le meneur du corps d'expédition se retrouve derrière les barreaux en attendant son jugement. En plus d'être assignés au sein des murs, le bataillon d'exploration se retrouve maintenant sans commandant (tout comme les brigades) et la risée de l'armée. Une enquête interne est en cours et chaque soldat doit passer sous le peigne fin de la justice afin de prouver son innocence.
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Adaptation [Pv Erika] [Mission]
Katerina Volkov
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Lun 9 Sep - 23:34
Adaptation


Clip, clop, clip, clop, faisaient les sabots de Pilgrim sur le sol alors que Katerina se dirigeait -lentement- vers le Mur Sina. Inutile de se presser - tout ceci la faisait admirablement chier. Alors elle allait montrer la preuve de sa très bonne volonté en prenant tranquillement son temps. Sa cape verte marquée des Ailes faisait passer un peu le même message, d’ailleurs.  Peut-être qu’en ce moment, les expéditions étaient suspendues, mais elle restait une -trop- fière membre des Bataillons d’Exploration.  Quitte à s’attirer quelques regards incrédules ; au mépris de la prudence, du bon sens et de la discrétion. Tout ça, c’était bon hors du mur Rose. Elle n’avait jamais prétendu être fine politicienne, encore moins une intrigante.

Et tout ça pour quoi ? Tout simplement parce qu’elle avait reçu une lettre venant du Mur Sina. Le Bataillon d’Exploration devait être intégré à la vie des autres corps d’armée, il paraissait. Du  coup, pour l’habituer à un possible futur poste,  il fallait (apparemment) qu’elle s’amuse à faire une ronde avec une chef d’escouade des Brigades Spéciales. Joyeux programme en perspective ; au moins ça n’était pas la tête à claques qu’était Oncle Konstantin (ça aurait pu pourtant, vu le grade du tonton ), ni son fils - le cousin Anton- qui semblait prendre le même chemin. Et tout ça pour quoi ? Parce qu’elle avait été 7ème au classement, et que donc, potentiellement, elle était capable de rejoindre les Brigades. Et avec ça, certains disaient que le sept était un chiffre chanceux. Et bah..Si elle avait su, tiens..Bon au moins c’était à Ehrmich, donc peut-être qu’elle aurait le temps de passer dire bonjour à son père.  Essayons de voir le positif. N’empêche qu’elle avait tiré une tête de trois pieds de long. Mais bon, les ordres étaient les ordres, hein ?

Claquant de la langue, elle fit signe à sa monture d'accélérer l’allure, et Pilgrim prit le trot. Il lui fallait un peu plus d’action, elle commençait à s’ennuyer un peu en restant au pas.  Le pas était l’allure de la méditation, et Katerina savait un peu trop bien où pouvait la mener la méditation : dans des zones dangereuses, des marécages dans lesquels il ne faisait pas bon s’embourber. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’Immanuel aurait dit dans cette situation. “Les Brigades Spéciales ? Montre-leur un peu ce que tu as dans le ventre.” Certainement. Quelque chose du genre. Elle n’était pas si loin, la Katerina qui avait pris un malin plaisir à faire tourner ses formateurs en bourrique. Une pression de jambes plus tard, cheval et cavalière faisaient voler de la poussière derrière eux. Voilà. Un bon galop, voilà ce qu’il lui fallait pour se vider l’esprit !  Malgré elle, elle se mit à rire, d’un rire joyeux et enfantin. Oubliés ses soucis, il n’y avait plus que le rythme du galop de Pilgrim qui comptait ; et lorsqu’enfin elle ralentit, l’humeur de Katerina était plus légère.

Du moins jusqu’à ce qu’elle arrive en face de la lourde porte du district d’Ehrmich. Sa gorge se serra, elle se sentit se raidir sur sa selle. Tout ça pour ça, quand même. Cela faisait au bas mot six ans qu’elle ne s’était pas approchée de ce qui pouvait ressembler plus ou moins au mur Sina, et voilà qu’il fallait qu’elle y revienne. Les Murs ne lui paraissaient pas moins oppressants que pendant son enfance à Mithras, voire plus ; probablement était-ce parce qu’elle avait connu la joie des sorties à l’extérieur.Allez Katya. Tu n’es plus une enfant. Tu peux supporter cela. Elle releva la tête, droite comme un i sur sa selle.  Ignorant superbement les regards surpris, les commentaires réprobateurs ; c’était la routine après une expédition qui se passait mal.

N’Y PENSE PAS!

C’est ça, elle devait penser à bien plus important - la caserne des Brigades présente à Ehrmich. Une fois arrivée, elle mit pied à terre, expliqua à un soldat lambda qui passait par là -qui avait l’air particulièrement perplexe de voir sa cape et dont elle était déterminée à ne pas retenir le nom- le pourquoi de sa venue, avant de disparaître dans les écuries pour y  installer Pilgrim, le débarrasser de son équipement, le panser, et s’assurer qu’il avait de quoi manger. Il avait bien le droit de s’y reposer, après ce chemin.

Après quoi, elle se planta à l’entrée du bâtiment principal - là où l’autre lui avait gentiment (ou pas) dit d’attendre. Il faisait bon, et puis à quoi bon rentrer à l’intérieur si c’était pour ressortir immédiatement après ?  Même si, elle devait se l’avouer, elle aurait donné cher pour pouvoir se débarbouiller un peu. Pour l’odeur de cheval qu’elle devait charrier, en revanche, là, c’était un peu plus compliqué.  Oh et puis zut, si ça pouvait embêter un peu plus sa future partenaire de mission, hein...
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Erika Niebieski
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Lun 23 Sep - 21:11

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Adaptation


La journée avait commencé fort. Les choses s’étaient pourtant calmées quand le successeur du Roi avait été désigné. Les gens avaient pu tourner leurs idées vers les festivités de son intronisation. Mais suite l’assassinat de Naile Dork, les Brigades Spéciales étaient de nouveau en ébullition. Et ce n’était pas seulement d’Erwin Smith, le principal suspect, dont il fallait s’occuper, mais de son Bataillon entier.

C’est ainsi qu’à peine arrivée au Quartier général, Erika se vit assigner une mission. On lui laissait le choix : soit elle faisait passer des interrogatoires aux Explorateurs, soit elle emmenait l’un d’entre eux en balade pour l’intégrer aux tâches de la Police Militaire. La journée serait pourrie dans tous les cas, mais la décision fut vite prise : pas question de passer la journée à poser des questions barbantes à des suicidaires prêts à tout pour les beaux yeux de leur Commandant. Autant partir se promener.

La mission se déroulerait en fin d’après-midi, dans le district d’Ehrmich. Ce n’était pas celui qu’Eri connaissait le mieux, mais ils restaient au sein du Mur Sina, donc il ne devrait pas y avoir trop de souci. Ne s’agissant que d’une simple ronde, cela pourrait se faire rapidement. Si des membres du Bataillon d’Exploration devait intégrer les Spéciales, autant les habituer tout de suite aux us et coutumes : on fait un tour et on finit au bar. Pas la peine de vouloir donner une bonne image ; de toute manière, tout le monde connaissait la réputation des soldats du centre.

La jeune femme rejoignit facilement la ville dans la matinée. Une fois sur place, elle récupéra quelques documents, notamment une fiche présentant sa future camarade de mission : Katerina Volkov. Elle avait déjà entendu parler de ce patronyme, un haut-gradé des Brigades portait le même. Sans doute la même famille, bien qu’elle ne connaisse ni l’un ni l’autre. Du moins personnellement.

La soldate déjeuna, fut conviée à une réunion plutôt chiante, profita d’une petite demi-heure de temps libre et enfin dût se rendre au point de rendez-vous. Elle y retrouva sa camarde de mission, qui venait probablement tout juste d’arriver, d’après son odeur de transpiration et de canasson.


- Salut, moi c’est Erika. Bienvenue en stage avec les Brigades. La mission d’aujourd’hui c’est très simple : on fait un tour en ville pour vérifier que tout va bien. On a pas d’itinéraire précis à respecter, il faut juste passer pas les portes nord et sud, par le marché pour s’assurer que le rangement se fait sans problème et dans le quartier ouest. Une petite vieille dit avoir vu « des types louches ». Va savoir ce que c’est, un type louche. Oh, et on doit garder ça sur nous.

Eri lui tendit un fusil. Elle posa le sien nonchalamment sur son épaule et, d’un signe de tête, lui proposa de la suivre vers la porte nord.




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Katerina Volkov
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Jeu 17 Oct - 23:26
Adaptation


Et Katerina attendit, les bras croisés, appuyée contre le mur du bâtiment. Occasionnellement, elle poussait des soupirs agacés. La patience n’avait jamais vraiment été son fort..surtout dans une situation comme ça. Cela lui rappelait trop son enfance à Mithras et son état de frustration quasi-permanente de cette époque. Cela lui rappelait les réprimandes et les humiliations, les punitions où elle se retrouvait enfermée dans sa chambre. Elle pensait s’être libérée de tout cela en rejoignant l’armée ; pas tant que ça au fond, finalement. Six années avaient passé et au fond, elle était toujours la petite fille qui ne pouvait que serrer ses minuscules poings de rage.

Quand enfin sa..collègue..arriva, la rouquine se redressa et la salua dans les règles de l’art. D’abord, jauger le terrain avant d’attaquer. Si elle n’avait retenu qu’une chose de ses années à aller bonjour aux Titans à l’extérieur, c’était ça. C’était un début. En l’occurrence, sa comparse du jour était plus petite qu’elle d’une bonne dizaine de centimètres, mais cela ne voulait rien dire, il n’y avait qu’à regarder le Caporal...Et puis elle était Chef d’Escouade, donc en théorie, elle devait être un minimum compétente. En tout cas, Erika, puisque tel était son nom, ne semblait pas faire de chichis avec son titre ou sa manière de parler. Merci bien. Elle avait un bref instant craint de finir avec une maniaque de la hiérarchie..Quelqu'un du genre Oncle Konstantin, par exemple..

“Soldat Katerina Volkov, enchantée.” fit-elle en réponse, en effectuant un nouveau salut militaire. Elle avait envie de montrer clairement à sa supérieure à quel point venir ici l’ennuyait, mais...elle devait assurer au moins les premières impressions, lui avait-on répéter au moins un milliard de fois. Montrer un semblant d’obéissance et de bonne volonté au nom du Bataillon d’Exploration et prouver qu’ils n’étaient pas des sauvages.

..Ou pas. Elle émit un long sifflement à l’énoncé de la mission du jour. Désabusé ? Impressionné? Allez savoir.

“Moi qui trouvais que les corvées de nettoyage au QG n’étaient pas forcément intéressantes, je crois que je vais arrêter de me plaindre...”Ah non mais là c’était trop fort. Une petite vieille qui avait vu des types louches. On aurait cru le début d’une histoire pour enfant, une quelconque histoire de héros qui allait se marier avec sa princesse au terme de terribles épreuves. Mais pas de chance pour Erika, Katerina n’avait rien d’une princesse, et allait certainement le prouver avec force détails au fil de la journée. Déjà, elle n’était pas noble. Et encore heureux. Et puis, ce n’était pas comme si le mariage avec quelqu’un des Brigades l’intéressait particulièrement..

Quand elle pensait qu’on l’avait fait venir depuis le QG juste pour ça..C’était plus paisible que d’aller chasser du Titan, mais..un peu léger..Bon, elle espérait juste que cette histoire de types louches était bien réelle, quoi. Et si ça pouvait finir en course-poursuite en équipement tridimensionnel, ça serait encore mieux. “Cependant, si cette respectable dame a vu quelque chose qui l 'inquiéte..il vaut mieux être prudents. On ne sait jamais...”

Oh sarcasme quand tu nous tiens. Quand on a l’habitude de rencontrer des Titans, ce genre de petits problèmes paraissaient très..très relatifs, dirons-nous.Elle avait comme l'impression de s'être faite avoir, une fois de plus.

Mais lorsque la Chef d’escouade lui tendit un fusil, elle cligna des yeux. Tout dans son expression voulait dire “Qu’est-ce-que tu veux que je fasse de ça?”. Eh oui..L’adaptation était dure, pour la pauvre petite soldate des Bataillons qui avait bien plus l’habitude d’utiliser des lames qu’une arme à feu.“Ca doit faire depuis mes années d’entraînement que je n’ai pas touché un fusil,” annonça-t-elle très innocemment. “Mais ça devrait aller, normalement. Il faut juste que je me remette dans le bain.” Avant de suivre gentiment la brune, comme si de rien n’était, telle une parfaite petite soldate.

Attention Erika, la tornade Katerina Volkov est arrivée à Ehrmich, et ça va secouer.
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Erika Niebieski
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Jeu 2 Jan - 22:25

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Adaptation



Erika perçut l’ironie des paroles de Katerina. Visiblement, cela ne l’enchantait pas d’être ici. Cela leur faisait déjà un point commun. Cela fera-il d’elles les meilleures amies du monde ? Non, surement pas. Bien que partageant le même point de vue quant à l’inutilité de cette mission, la soldate des Brigades se sentait visée dans les propos moqueurs de l’exploratrice. Manque de bol, Eri était particulièrement susceptible. Et fière. Combo qui la mènerait probablement à renvoyer des piques à son interlocutrice. Même si dans le fond, elle était d’accord avec elle. Oui, c’était con. Mais ça aussi, plutôt crever que de l’avouer.
La jeune femme se retourna vers Kat en continuant de marcher, en arrière, toujours avec nonchalance.

- Ah bah c’est sûr que c’est pas la même adrénaline que pour aller chasser du titan. M’enfin, si jamais ça te manque trop, on peut toujours trouver un prétexte pour que tu perdes un membre ou deux. Même, juste un doigt.

Elle fit rapidement volte-face pour éviter de se casser la gueule et de perdre toute crédibilité. Les deux femmes arrivèrent tranquillement à la porte nord, qui ouvrait sur le Mur Sina. Les quelques soldats de la Garnison étaient bien à leur poste, à l’ombre des cinquante mètres de murailles. Certes, ils jouaient aux cartes, mais bon, le trafic n’était pas important à cette heure-ci de la journée. Erika salua le petit groupe de loin, sachant par expériences que si elles s’arrêtaient pour discuter, elles auraient le droit à au moins deux ou trois remarques sexistes dans la foulée.  

- Bon, la porte sud étant à l’autre bout de la ville, on finira par ça. Direction la place du marché, puis on ira rendre visite à la vénérable vieille dame qui, grâce à son témoignage, participe à la sécurité du district et de ces habitants.

Honnêtement, Erika était partagée entre l’envie que les craintes de la grand-mère soient fondées pour mettre un peu d’action dans cette journée et le fait que ce soit de la paranoïa pour finir cette mission au plus vite.
En tout cas, la discussion n’allait pas de bon train entre les deux soldates. Les premiers échanges avaient mis le ton. A peine le silence s’installait, l’atmosphère se faisait pesante. Allons bon… Il faisait beau aujourd’hui, mais frais. Mais ils avaient de la chance, Ehrmich était au sud, l’hiver était moins rude. Eri avait entendu dire que les soldats stationnés dans le nord étaient chargés de déblayer la neige et de signaler les plaques de verglas avec des petites pancartes… Etait-ce une bonne idée dans lancer une conversation sur la météo ? Non, c’était d’un ennui…

- Alors, quoi de neuf chez le Bataillon d’Exploration ? Elle marqua une courte pause. Enfin, je veux dire, à part l’arrestation de votre commandant pour meurtre, l’arrêt de vos balades extra-muros et le passage de vos effectifs au peigne fin ?

Avec un gentil sourire innocent pour ponctuer le tout. Susceptible, fière et un poil provocatrice, la Erika.




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Katerina Volkov
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Sam 25 Jan - 19:25
Adaptation


Les hostilités avaient commencé. Plutôt rapidement, devait-elle avouer, mais le plus tôt était le mieux, quand on était Katerina Volkov. Une tête brûlée impulsive, avec une tendance à attirer des ennuis plus gros qu’elle, avec un certain mépris pour l’autorité et pour les Brigades. Une telle situation ne pouvait qu’arriver. Elle ne pouvait pas s’entendre avec quelqu’un qui avait préféré se terrer dans le Mur Sina, au lieu d’essayer d’éliminer la menace qui rendait les Murs nécessaires. C’était aussi simple que ça.  C’était ridicule, peut-être, mais c’était comme ça. Et la rouquine se moquait bien de s’attirer des ennuis pour insubordination et insulte à un supérieur. Qu’est-ce-qui pouvait lui arriver de pire que de rester coincée au QG, elle qui avait l’exploration dans le sang ? Rien. Être radiée de l’armée peut-être.

“Non ça ira, j’ai déjà offert mon cœur à l’humanité, il paraît.” répondit-elle du tac au tac. Petite piqûre de rappel, comme on disait, pour la caporale. Les soldats étaient censés dédier leur vie à la population des Murs, pas chercher le profit ou le confort personnel - ou la facilité.  Et pourtant, elle se demandait..Ses camarades morts en expédition, Immanuel mort si récemment, avaient-ils eu ce sentiment de faire leur devoir, alors que la mort les fauchait impitoyablement ? Que les mâchoires d’un Titan se refermaient sur eux ? Non, probablement que non. Ils avaient été probablement terrifiés,et Katerina ne pouvait pas leur en vouloir.  L’idée de mourir prochainement ne la tentait pas particulièrement ; l’avoir frôlée si souvent n’avait fait que la conforter dans cette idée. Mais si elle devait se sacrifier à un moment venu, soit. Elle le ferait.

Sentiments nobles, que ne partageaient certainement pas les soldats de la Garnison d’Ehrmich que les deux femmes virent. Ils..ils jouaient aux cartes pendant le service, ces tire-au-flancs ! Eh bah, ils étaient beaux les soldats de la Garnison ; ils ne valaient pas mieux que ceux des Brigades, c’était évident ! Elle leur lança un regard courroucé, claquant de la langue par réflexe, avant de détourner ostensiblement la tête. Pas de salut, rien ; pas le moindre signe qu’elle avait remarqué leur existence. Réflexion faite, tant pis pour l’image du Bataillon. Elle n’allait pas tricher avec sa conscience qui lui dictait que ce qu’ils faisaient, là, c’était mal, et donc, que s’associer de près ou de loin avec eux l’était aussi. Elle était déçue, cependant. Qu’est-ce-que Père faisait ? Non, c’était injuste. Lui était un modèle de droiture. Il avait clairement autre chose à faire que de courir après chacun de ses soldats pour leur rappeler de faire leur boulot et non pas de bayer aux corneilles.  Ce n’était pas une gouvernante non plus !

“Très bien.” répondit sobrement Katerina, toujours un peu agacée parce qu’elle venait de voir. Mieux valait qu’elle n’aille pas plus loin.  Sinon, elle allait finir par exploser, et ce n’était pas une vue plaisante. Mouais. Il valait mieux qu’elle se la ferme , en fait. Elle n’avait rien à dire à la caporale en dehors de ce qui se rapportait strictement à la mission.  Cela risquait trop de finir en engueulade mémorable, et honnêtement..elle n’avait pas l’énergie pour ça. Elle voulait juste rentrer au QG après cette foutue mission qui s’annonçait des plus pathétiques. Après, compte tenu de sa facilité à s’attirer des ennuis, on pouvait espérer un peu d’action..allez, juste un peu..

“Oh,rien de spécial, on s’occupe comme on peut avec nos corvées de nettoyage.” répondit-elle tout aussi innocemment que la caporale. “Mais bon, faut bien qu’on garde notre lieu de vie propre, on n’est pas des cochons.” Blam. Comment savoir si ce n’était pas des domestiques qui nettoyaient le QG des Brigades, hmm ? “On ne gagne pas notre pitance à rien faire,nous.” Re-blam. On ne passait pas la journée à boire ou à jouer aux cartes, au Bataillon.  “Et aux Brigades ? Vous n’êtes pas en pleine lutte d’influences  pour déterminer qui sera nommé Commandant ?” Et de trois. Elle sous-entendait complètement la présence de pots-de-vins auprès des personnes qui comptaient. Et qui disait pots-de-vins, disait aussi léchage de bottes. De là à sous-entendre que la caporale aussi allait lécher des bottes pour obtenir un peu d’avancement, il n’y avait qu’un pas.

Ceci dit, cela lui rappelait désagréablement  que son propre Commandant était présentement derrière les barreaux. Katerina se refusait à croire que le Commandant Smith était coupable.D’accord, parfois, le commun des mortels  dont elle faisait partie ne comprenait pas forcément ses plans. Mais de là à le croire coupable de meurtre ? Non. Tout simplement parce qu’il n’avait rien à y gagner. Mais ça, elle n’allait pas le dire à la caporale. Elle n’était même pas digne de nettoyer le sol sur lequel le Commandant marchait ! La rousse aurait presque pu composer une chanson pour proclamer sa foi à l’homme qu’elle avait décidé de suivre jusqu’en enfer - au milieu des Titans !

Quand Katerina rencontre en chemin le grand Erwin Smith, ce refrain lui viiint...

“D’ailleurs, vous ne voulez pas m’interroger ? Non pas que j’ai tellement de choses à dire mais.” Elle haussa les épaules. “Autant faire d’une pierre deux coups, puisque je suis dans le coin.” Et surtout, autant que ça soit Erika qui s’occupe de l’interrogatoire, plutôt que Tonton Konstantin qui ne se gênerait pas pour lui rappeler à quel point elle était la honte de la famille.

La bonne blague.
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Erika Niebieski
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Jeu 9 Avr - 22:51

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Adaptation



Katerina réagissait comme Erika l’avait espéré. La partie durerait sans doute un bon moment. Les piques feraient mal – c’était déjà le cas – à l’ego, mais la soldate comptait bien rendre la pareille. A la fois blessant et grisant, Erika adorait ce genre de jeu. Elle adorait avoir le dernier mot.

Elle écouta donc sa camarade sans l’interrompre, son cerveau se mettant automatiquement en marche pour trouver la réponse parfaite. Elle ne reprit la parole que lorsque la jeune femme du Bataillon lui proposa de l’interroger au sujet des récents évènements. Visiblement, elle n’était pas encore passée par la case de l’interrogatoire, et pourtant on l’avait envoyé en mission avec elle. Bah, si le Volkov des Brigades était bel et bien de sa famille, ce n’était pas forcément si étonnant.

- Ecoute, je vais être franche avec toi. Si je suis là, c’est uniquement pour éviter d’avoir à me taper ces foutus interrogatoires. Non pas que vous êtes chiants, mais…

Erika laissa sa phrase en suspend et fit mine de réfléchir. Elle ne savait pas comment la finir. Non, en fait, elle n’avait pas envie de la finir. Le sous-entendu lui plaisait assez.  

- En tout cas je suis impressionnée. Nettoyer l’entièreté  de votre quartier général ! Ça a dû bien vous occuper en effet. Non, parce qu’avec tous vos morts, vos effectifs doivent être drôlement réduits. Elle marqua une nouvelle courte pause. Ou alors, du coup, peut-être que votre QG n’est pas très grand. Enfin, j’sais pas, j’ai jamais eu l’occasion de visiter. Chez nous… Eh bien oui, c’est assez drôle de voir tout monde jouer les faux-culs. Surtout chez les hauts-gradés. J’ai quelques pronostics déjà ! Maintenant que j’y pense, je devrais lancer des paris, y’a de l’argent à se faire. La jeune femme se tourna vers Katerina. Avoue que c’est quand même un poil plus intéressant que faire le ménage !

Sourire, prendre un ton enjoué, comme si c’était une conversation normale avec une amie. Se montrer passive-agressive, ça aussi c’était particulièrement amusant.
Malgré tout, les deux soldates avançaient bien. Il fallait dire que ce genre d’échanges houleux avait plus tendance à faire accélérer le rythme cardiaque et la cadence plutôt que de la ralentir. Plongée dans la joute verbale, Eri avait à peine remarqué que la population se densifiait à mesure qu’elles se rapprochaient du centre-ville. Le marché était installé sur la place principale et dans les rues adjacentes. A cette heure-ci, les commerçants commençaient à plier bagage, ce qui donnait un joyeux bordel. Et comme pour confirmer cette idée, à peine le duo eut-il passé quelques étales qu’un cri se démarqua du brouhaha.

- Au voleur ! On me vole ma marchandise !!




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Mar 14 Avr - 23:21
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Elle ne l’aurait sans doute pas avoué, mais Katerina commençait à bien s’amuser. C’était que visiblement, la soldate des Brigades avait de la répartie et de l’esprit, c’était distrayant de se disputer avec elle de la sorte. Probablement qu’elles avaient l’air de deux gamines, mais peu importait. La rouquine s’amusait, c’était tout ce qui comptait ; elle avait enfin l’occasion de stimuler son cerveau après avoir passé un, euh, certain nombre de  journées dans le crottin ou le produit pour les vitres, elle n’allait pas s’en plaindre. Cela lui rappelait ses meilleurs souvenirs de ses années d’entraînement, tiens, quand elle passait son temps à chercher les instructeurs.Ah..le bon temps..Une période où elle était certainement plus heureuse que maintenant.


“Comme vous voulez.”  fit-elle en haussant les épaules. “ Ça veut certainement dire que j’vais devoir refaire tout le chemin depuis le QG, mais bon...”  Oh seigneur. Ca s’annonçait rigolo toute cette histoire. Oh et puis tant pis. Si Erika s’attirait des ennuis, tant pis pour elle hein. Katerina s’en lavait complètement les mains. Enfin pas vraiment, mais métaphoriquement...Oh et puis zut. De toute façon, ce n’était pas non plus comme si son témoignage allait changer drastiquement l’issue du procès.. Oh, ce fichu procès, rien que d’y penser suffisait à lui foutre le cafard.C’était impossible que le Commandant ait tué son collègue, tout bêtement.


“Bah écoutez, on y vit dans ce bâtiment, faut bien l’entretenir.”  Ton sec. La remarque sur les morts l’avait un peu, beaucoup, énervée. C’était trop récent et trop douloureux. “ Et c’est pas comme si vous saviez vraiment ce qu’était le danger, vous dans les Brigades. Ou voir vos camarades se faire attraper et dévorer. Vous savez pas non plus ce que c’est de fuir pour votre vie alors qu’un Titan vous prend en chasse, de vivre avec la culpabilité d’avoir survécu. Alors arrêtez de vous moquer du Bataillon, parce que nous au moins, on essaye de changer les choses. C’est facile de critiquer quand on reste en sécurité et qu’on ne sait rien .C’était dit. C’était honnête. C’était gros.Elle en avait presque les larmes aux yeux, tant elle était en colère. Elle s’en foutait complètement de s’attirer des ennuis par la suite cependant. Qu’est-ce qui pouvait lui arriver de pire, hein ? Hein ?  Une mise à pied ? C’était déjà presque ce qui se passait en ce moment, avec l’interdiction des expéditions ! “Eh bah punaise, vous devez sacrément vous ennuyer aux Brigades pour vous amuser comme ça hein.”  Insulte finale. Elle n’en pouvait plus - elle voulait rentrer. Fourrer son nez dans la crinière de Pilgrim et respirer son odeur réconfortante. Dormir quelques heures dans son petit lit. Même peler des patates lui semblait plus agréable ! Tout, mais foutre le camp d’ici ! Cette..prétendue gradée ne méritait pas sa colère, ni ses larmes. Encore moins ses larmes de colère.La situation du Bataillon, la perte d’Immanuel, l’angoisse dés qu’elle s’approchait du mur Sina - c’était un tout qui la rendait plus à fleur de peau encore que d’ordinaire, et les sous-entendus détestables de cette..femme.. l’avaient fait craquer. Tout bêtement.

Elle prit une  longue inspiration, pour se calmer. Ses nerfs avaient lâché ; mais elle était une soldate, bon sang, et elle devait agir comme telle.   Calme. Voilà. Rien ne s’était passé. En apparence ; parce qu’au fond d’elle elle sentait le mépris grandir. Niebeski était une enfant, voilà tout, une enfant qui avait voulu se complaire dans la sécurité et l’ignorance.  Alors que Katerina, elle, s’était pris la réalité en pleine face ; avait baptisé ses vêtements de larmes de culpabilité, de sang et de boue, chaque fois qu’elle était sortie. Et pourtant elle ne pouvait pas abandonner,ça aurait été cracher sur tous ceux qui étaient passés avant elle dans le Bataillon  et qui étaient morts.  Oncle Yulian et Immanuel, pour ne citer qu’eux..Elle..elle devait reprendre leur flambeau. C’était son héritage, aussi morbide soit-il.

Son héritage, et sa fierté, peut-être.

Mais un cri interrompit le fil de ses pensées.  “Au voleur.” ; Katerina releva la tête, regardant autour d’elle tel un chien de chasse, à la recherche du moindre détail suspect.

Les choses commençaient enfin à devenir intéressantes...
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Erika Niebieski
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Dim 14 Juin - 23:21

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Erika voulut accélérer le pas en direction de l’incident. Mais elle sentit que Katerina ne la suivait pas. La soldate se retourna vers sa camarade d’un jour. Finies, l’arrogance et les moqueries dans ses paroles. Colère, tristesse, humiliation ? La jeune femme des Brigade avait-elle touché un point particulièrement sensible ? Première victoire, on dirait bien. Un fin sourire étira ses lèvres. Il ne resta pas longtemps.

« C’est facile de critiquer quand on reste en sécurité et qu’on ne sait rien. » Ah.


- Tu ne sais rien de moi.

Ton froid. Cela suffirait pour l’instant. Malheureusement, pas le temps de continuer cette joute verbale. Elles avaient du travail, enfin. Un peu plus loin, un attroupement bruyant commençait à se former. Erika empoigna son fusil et se dirigea d’un pas décidé vers la foule. Elle joua des coudes pour se frayer un chemin parmi les gens qui se tortillaient sur leurs pointes de pieds, essayant de voir quelques choses de l’animation. Pas évident de s’imposer quand on a un petit gabarit, mais l’arme aide. Après avoir volontairement écrasé quelques chaussures, la cheffe d’escouade finit par parvenir au centre du cercle formé par les curieux.

Deux hommes se battaient. D’après leurs vêtements, l’un était marchand, l’autre ne semblait pas courir sur l’or. De la marchandise était répandue à leurs pieds. Eri faillit se prendre un coup de poing perdu et mit quelques minutes – trop à son goût – à attirer leur attention. Elle finit néanmoins par réussir à les séparer, les pointant tour à tour avec son fusil.


- IL M’A VOLÉ C’T’ENFOIRÉ !
- Pas la peine du gueuler, je suis pas sourde, merci.
- Il a intérêt à payer, sinon…
- Sinon quoi ? Tu veux une cellule, toi aussi, pour troubles à l’ordre public ?

Le marchand se recula, mais continua de marmonner dans sa barbe. Erika poussa un soupir. A vrai dire, elle ne savait pas trop quoi faire. Le voleur avait été arrêté dans son élan, la marchandise allait pouvoir être rendue. Ce n’était qu’un incident, sans grande répercussion. Le genre de choses dont les Brigades Spéciales n’avaient que faire, en ce moment. L’enquête sur le Bataillon d’Exploration leur prenait déjà beaucoup de temps. Mais en même temps, il y avait du public, et ils avaient déjà une répercussion de tire-au-flanc. Chose qu’une certaine soldate n’avait pas manqué de rappeler, il n’y avait pas quelques minutes.

D’ailleurs… Eri se retourna, cherchant Katerina des yeux. Elles étaient en mission ensemble, après tout. Si la jeune exploratrice était là, c’était parce qu’elle avait la possibilité d’intégrer les Brigades. Autant lui demander son avis, alors. Fallait-il embarquer le voleur et le ramener au QG ? Ça ne déplaisait pas à la cheffe d’escouade de se débarrasser de cette responsabilité.

A peine eût-elle ouvert la bouche pour poser la question à sa subalterne que le voleur poussa un hurlement. Couteau en main, il se jeta sur les deux femmes en uniforme.





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Katerina Volkov
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Jeu 18 Juin - 11:12
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On aurait cru un gag. Cette prétendue-gradée s’était amusée à l’asticoter, à lui lancer des piques plus ou moins bien senties jusqu’à ce qu’elle réagisse, et maintenant que Katerina lui avait lancé ses quatre vérités, elle osait prendre la mouche pour lui rétorquer qu’elle ne savait rien d’elle. Mais comme si la rouquine avait eu envie de la connaître ! Elle ne s’était pris qu’arrogance et mépris de sa part - ce n’était pas exactement la meilleure base pour une amitié. Comme si cela lui importait. Elles n’allaient probablement plus jamais se voir après cette petite journée d’immersion, et c’était très bien comme ça. Elle espérait à moitié que Niebieski la descende dans son rapport, juste pour qu’on confirme qu’elle n’avait rien à faire aux Brigades. La tête de tonton Konstantin serait sans doute particulièrement splendide à voir... dommage qu’elle rate ça.A moins évidemment qu’il ne lui envoie une lettre salée - ça, ça pourrait être drôle. Il ne pouvait rien lui faire, celui-là,à part la faire rire avec son côté coincé.

“Je vous retourne le compliment. Vous en savez pas plus sur moi.” lança-t-elle, aussi sèchement. Probablement qu’elle aurait pu trouver mieux que de lui rétorquer qu’elle  non plus ne savait rien d’elle, mais bon. Sincèrement, elle n’avait pas envie de gaspiller son énergie plus que nécessaire pour cette nana. Surtout avec l’incident en cours - un simple au voleur, certes, mais c’était déjà plus intéressant que de rassurer une pauvre vieille dame, encore plus que cette exclamation fut suivie d’une bagarre.Il y avait toujours ce côté très primal, primitif aurait-elle pu dire, qui avait envie de crier “Baston !”dès qu’elle voyait un combat de rue comme ça - et de plonger la tête la première dans la bagarre,elle aussi. C’était foutrement inutile,mais au moins ça soulageait, ça l’aidait à passer ses nerfs - et si parfois elle en sortait avec un oeil au beurre noir, au moins elle restait relativement calme après. Ceci dit, là, le combat en question était un peu pitoyable, un cas classique de marchand voulant récupérer son bien.

Même pas drôle. Ce n’était même pas la peine d’intervenir non plus, puisque sa supérieure préférée s’occupait déjà de ça,en les séparant puis les pointant tour à tour avec son arme. Bonne tactique ? Non, pas vraiment. Katerina aurait pu aider, sans doute..mais elle n’avait pas envie d’aider - pas elle, qui s’était amusée à jouer avec ses nerfs.  Oui c’était petit, oui c’était pitoyable, oui elle était encore fâchée que Niebieski soit allée lui chercher des noises sans avoir le courage d’assumer ses conneries. Et fallait bien que la chef d'escouade se remue un peu, parfois, histoire que sa paye soit presque justifiée pour une fois.  Par conséquent, elle se contenta de hausser un sourcil en entendant le marchand commencer à pousser ses jérémiades. Décidément, ils étaient bien tous pareils - toujours leur nombril avant le reste du monde. C’était lassant à force, lassant et rageant.  Elle ne comprenait simplement pas. Ils avaient perdu le Mur Maria, avaient failli perdre Trost et le Mur Rose, et les gens arrivaient encore à ne penser qu’à eux, alors qu’au contraire il aurait fallu être plus solidaires les uns avec les autres. Vieux con.

Remarquant que Niebieski la cherchait du regard, elle se sentit lever les yeux au ciel. Ce ne devait pas être seulement parce qu’elle s’inquiétait qu’elle n’ait pipé mot depuis sa petite invective ; à coup sûr, elle voulait  se décharger de son boulot sur elle - feignasse, pensa Katerina. La  joie ultime. Ouais en fait, elle était mieux à pelleter le crottin, elle avait l’impression de faire quelque chose d’un peu plus utile -

Mais voilà que le voleur se précipitait sur elle, un couteau à la main.  Q U O I. Bon, elle qui voulait la bagarre, elle était servie !A défaut de pouvoir se bagarrer avec Erika, ça faisait un bon substitut!  Champagne pour tout le monde ! Est-ce qu'elle était inquiète pour sa vie ? Mais pas du tout ; c'était un vrai amateur,  à foncer comme ça ! Il cherchait les emmerdes là ! Faisant tourner son fusil dans sa main de façon à avoir le canon de son côté, elle imprima un mouvement de balancier à son arme pour  frapper le voleur sous les côtes avec la tranche de la crosse du fusil, en lançant un magnifique  et sonore “ Non mais ça suffit les conneries là ?! T'as vraiment que ça à foutre de ta vie ?! ”

Ouch, pensa-t-elle en voyant l’expression de l’homme changer,. Ça doit faire mal. Bouarf. Tant pis. Mais elle n’avait pas fini. Profitant de son étourdissement momentané, elle ramena les deux bras du voleur derrière lui, un pied sur son dos pour le forcer à rester immobile, torse au sol ; la crosse du fusil taquinant le visage du malfaiteur. Un mouvement inopportun, et elle pourrait lui faire très mal. Peut-être même lui déboîter les bras. Un peu plus, et elle aurait bien aimé lui écraser le visage contre le pavé.

Et voici, mesdames et messieurs, comment on appréhende les voleurs au Bataillon. Pas mal, non ?
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Erika Niebieski
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Sam 18 Juil - 21:45

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La réaction de Katerina ne se fit pas attendre. Elle plaqua leur assaillant au sol et l’immobilisa sans mal. Il fallait l’avouer, Erika doutait qu’un membre des Brigades Spéciales serait capable d’en faire autant. Bien que son orgueil en prenne un coup, la soldate devait bien admettre que seule, elle se serait retrouvée elle-même en difficulté. Elle lésinait sur son entrainement militaire depuis qu’elle était arrivée dans le centre. En même temps, si un jour elle se levait avec la motivation d’aller faire un peu d’exercice, elle devrait s’y rendre seule ; trouver un camarade pour l’accompagner ne serait pas une mince affaire. En tout cas, elle ne pouvait pas gâcher une occasion pareille pour lancer une pique.

- Wow ! Tu gères Katerina ! Elle s’accroupie pour être à sa hauteur. Tu sais, je suis d’accord avec toi. Les soldats des Brigades Spéciales, y’en a pas un pour rattraper l’autre. C’est des gens comme toi qu’il nous faut !

Elle lui adressa un grand sourire. S’il y avait une certitude qu’elle avait acquise depuis le début de la mission, c’était que la jeune femme du Bataillon n’avait aucune envie de rejoindre les rangs des Licornes.

Toujours son fusil à la main, Eri entreprit de disperser la foule. Les gens regagnèrent leur activité préalable, certains en trainant les pieds et grognant que la distraction n’avait pas duré suffisamment longtemps. La cheffe d’escouade resta quelques instants à les observer s’éloigner, pensive. Malgré les récents évènements, entre la tuerie des rebelles et l’assassinat de Nail Dork, les gens considéraient encore qu’un affrontement entre deux personnes était distrayant ? Ou alors, toujours sous le coup de l’émotion, une simple dispute de quartier un jour de marché les aidait à se rappeler leur quotidien d’antan ? N’ayant pas de réponse à ses questions, la soldate choisit la deuxième option. Elle se tourna vers Katerina et poussa un profond soupir.


- Bon, on a plus qu’à ramener celui-là au QG.


De là où elles étaient parties donc. La poisse, comme si la mission n’était pas assez chiante comme ça, elles allaient devoir revenir en arrière et prendre du retard. Erika s’agenouilla pour menotter l’homme à terre.


- Allez, debout. On a pas que ça a foutre.

Cette fois-ci, le trajet se déroula en silence. L’homme n’opposait plus de résistance et ne chercha pas à s’échapper. Il avait eu son compte visiblement ; il ne prendrait sans doute pas le risque de se faire mettre à terre par une femme une seconde fois. N’ayant cette fois pas à faire un détour par la porte nord, le petit groupe parvint assez rapidement au quartier général. La cheffe d’escouade s’assura de la correcte prise en charge de leur malfrat puis ressortit avec Katerina. Le soleil déclinait, teintant doucement le ciel de couleurs chatoyantes.

- Bon. C’est pas tout, mais temps passe. Allons rendre visite à notre vénérable concitoyenne au quartier ouest. Histoire qu’elle ne meurt pas à force de nous attendre.




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Lun 29 Mar - 17:11
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Haletante mais le regard plein de défi (et son expression puant l’autosatisfaction), Katerina se sentait presque heureuse. L’espace d’un instant, rien qu’un instant, elle avait ressenti ce frisson du combat, l’énergie qui parcourait son corps, cette envie de vaincre et de montrer ce qu’elle valait, qu’elle avait sa place sous le soleil et qu’elle entendait bien la garder. Pour la première fois depuis longtemps et en un mot, elle s’était sentie presque, oui presque, vivante. Peut-être bien que cette journée dans les Brigades spéciales lui faisait plus de bien que ce qu’elle aurait pu penser. Ca lui apportait une distraction, c’est sûr. Plutôt que de rester sur le lieu de son malheur, elle s’amusait à se prendre la tête avec une techniquement supérieure sans se soucier des conséquences, elle pouvait penser à autre chose qu’à la tragédie qui avait eu lieu dans la forêt des arbres géants. Et là, elle pouvait passer toute sa frustration née de l’oisiveté et de l’incertitude sur ce brave petit voleur qui ne s’était pas douté que sa route croiserait celle d’une soldat du Bataillon ma foi de fort méchante humeur. Ah, ça lui faisait du bien. Ca lui rappelait le bon vieux temps. Avant que tout ce cirque ne commence.

“Ah, merci du compliment, mais je ne crois pas les Brigades faites pour moi.”  répliqua la rousse, innocente comme l’agneau qui vient de naître. Elle avait bien compris le sarcasme de sa supérieure d’un jour, ceci dit, et y répliquait à sa façon. Les gens des Brigades étaient pour l’essentiel des tires-au-flanc qui se cachaient bien au chaud, soit le parfait opposé de la jeune femme - elle risquait d’être comme un poisson hors de l’eau au milieu de telles personnes. Et si c’était pour vivre dans une atmosphère conflictuelle à cause d’incompatibilité de caractère et d’aspiration, franchement..Non. En plus, vues les missions des Brigades...Patrouiller, protéger le roi (la bonne blague), s’occuper de tâches très ennuyeuses..et vivre enfermée avec les murs pour tout horizon...Non, vraiment, c’était impossible pour elle. Sauf si elle pouvait sauver le Major Smith - mais pour le moment, elle ne pouvait que rester là à attendre. “Je suis sûre que vous pourrez trouver d’autres soldats bien plus adaptés que moi.”  Et boum. Ah, c’était facile, mais tellement agréable. L’insolence en toute impunité, en sachant pertinemment que le pire qui pourrait arriver soit un avis négatif sur une possible intégration aux brigades...c’était drôlement amusant et distrayant.


Mais tout avait une fin, hélas. Aussi plaisant qu’ait pu être ce petit intermède, ni Katerina ni Erika ne pouvaient se permettre de passer ce qui restait de la journée ici, il fallait ramener ce gros nigaud de voleur là où il méritait : au cachot. A peine cette idée traversa-t-elle l’esprit de la soldate, que l’autre lui annonçait la suite des opérations, c’est à dire, exactement ça. Les grands esprits se rencontraient, visiblement. Et pendant que la cheffe d’escouade s’occupait de menotter le voleur en puissance sinon en acte, Katerina le regardait avec un oeil de faucon, prête à refaire usage de la crosse de son fusil si nécessaire. Ce n’était pas conventionnel comme utilisation, mais tant pis. Elle-même ne l’était pas non plus..du moins aux yeux de la merveilleuse bourgeoisie de Sina. Mais avec tout ça, il se faisait tard - le temps de ramener ce pauvre guignol, le soleil commençait à se coucher.

“Ca serait dommage, en effet..”  Quoique ça leur ferait du boulot en moins du coup - horrible, mais vrai, songeait-elle en roulant des épaules pour se réveiller. Le trajet depuis le mur Rose plus ce petit combat, ça l’avait un peu fatiguée mine de rien, et elle aurait donné cher pour un bon lit. Pas forcément douillet, vu les normes de l’armée, mais au moins un lit.  Ce qui lui faisait penser qu’il n’était pas sûr qu’elles aient fini avant la tombée de la nuit,  et l’idée de demander de l’aide à Erika pour trouver une chambre au QG ne la tentait bizarrement pas. Au pire, elle pourrait dormir dans les écuries, ce n’était pas ça qui allait lui faire peur, franchement. Qui vivrait verrait, comme disait l’autre, et elle se mit à siffloter le long du trajet. Mieux valait ça que d’essayer de faire la conversation à sa chère camarade de mission.
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Erika Niebieski
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Mer 9 Juin - 22:31

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Katerina s’était mise à siffler. Erika coula discrètement un regard vers sa camarade. La dernière personne qu’elle avait entendu faire ça était le père de sa famille adoptive, quand il travaillait aux champs ou nourrissait ses moutons. Alors qu’à l’époque cela la rendait profondément indifférente, actuellement ce sifflement était agaçant plus qu’autre chose. Mais la jeune femme chassa son envie de râler d’un sourire moqueur.

- Finalement ça a l’air de bien s’amuser, hein ?

N’attendant pas d’autre réponse que le silence de la soldate du Bataillon d’Exploration, Eri accéléra le pas, fusil dans le dos et mains dans les poches, pour prendre la tête. Elle avait en tête l’adresse de la vieille dame chez qui elles devaient se rendre, en plus de bien connaitre le district à force d’y déambuler la journée quand elle n’avait pas envie de travailler. Elle essaya de se vider l’esprit en marchant, ou du moins de concentrer ses pensées sur ce qu’elle pourrait faire une fois libérée de cette mission. Rien de bien réjouissant, à vrai dire : elle n’avait pas fini sa paperasse de la matinée, sans compter le probable rapport qu’elle devrait rendre à la hiérarchie suite à cette escapade avec Katerina. Dans sa bulle, elle en oubliait presque cette dernière. Ce n’est qu’au dernier carrefour avant leur destination qu’elle daigna se tourner vers sa camarade, désignant la rue à leur gauche d’un signe de tête.

- C’est là.

Encore quelques mètres et Erika s’arrêta devant une petite maison biscornue, coincée entre deux autres. Elles s’étaient éloignées du centre-ville pour parvenir à l’un des quartiers périphériques du district, presque au pied du mur. A cette heure-ci de la journée, celui-ci plongeait les rues dans l’ombre. En voyant les deux soldates approchées, un chat sauta en miaulant du rebord d’une fenêtre décorée de petits cactus en pot. La cheffe d’escouade frappa à la porte. La propriétaire ne tarda pas à venir leur ouvrir. Visiblement, elles étaient attendues.


- Venez ! Entrez, entrez !

La maison était petite mais la décoration trahissait un niveau de vie plutôt aisé, caractéristique de Sina. La vieille dame, vivant apparemment seule, les invita à s’asseoir à sa table où un thé les attendait. A peine Erika s’était-elle assise, après avoir déposé son fusil contre un mur derrière elle, que leur hôte s’empressa de les inonder de paroles : et qu’elle était rassurée qu’elles viennent enfin, et qu’il se passait des choses graves, et que bientôt d’intégralité des Murs seraient de nouveau à feux et à sang, et bla bla bla. La jeune femme des Brigades Spéciales se saisit d’un instant de silence pour la couper dans son élan.

- Pouvez-vous nous décrire précisément ce que vous avez vu ? Ma collègue va prendre des notes.

Oups, elle avait peut-être oublié de lui demander son avis. Mais tant pis, trop tard, elles se devaient de rester professionnelles et faire comme si elles étaient parfaitement organisées. Erika croisa les bras et s’adossa au dossier de sa chaise en adoptant un air sérieux et concentré. En réalité, elle savait très bien qu’elles ne pourraient rien faire pour cette dame dans l’immédiat. Si son témoignage relevait des faits pertinents, il remonterait à la hiérarchie. Sinon, il se perdrait dans le reste de la paperasse reléguée au second plan.




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Sam 24 Juil - 18:34
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Bingo. songea-t-elle alors qu’Erika lui faisait une remarque. Oh la pauvre, elle n’aimait pas son sifflotement. La pauvre bichette. Oui bah elle, elle ne l’aimait pas et cette journée encore moins. Elle aurait pu faire un milliard de choses beaucoup plus intéressantes et constructives mais nooon là elle perdait du temps à courir dans Ehrmich, à attraper des voleurs et là, aller voir une petite vieille. Fa-sci-nant.

“Faut bien s’amuser comme on peut..”  répliqua-t-elle d’une voix moqueuse. Tant pis pour elle. Elle lui avait gâché sa journée, maintenant elle en payait les conséquences. Si encore elle était tombée sur un membre des Brigades spéciales qui avait été un peu habitée par la passion pour son poste, qui avait voulu dédier sa vie à protéger le Roi (bon là c’était un peu raté), là elle aurait pu être coopérative. Mais dans les circonstances présentes, tout ce qu’elle sentait c’était que cette journée faisait chier Erika, que les voleurs l’emmerdaient et qu’elle en avait ras-le-cul des petites vieilles. Si elle était censée avoir envie de rejoindre les Brigades après ça..Nope. En plus l’autre l’ignorait maintenant, mais elle préférait ça à ses commentaires moqueurs et incessants.

Et elle ne répondit pas à Erika lorsqu’elle lui indiqua qu’elles étaient arrivées à destination, chez la fameuse petite vieille qui était le but de cette journée de l’enfer. Un vrai cliché, nota-t-elle en voyant le chat qui bondissait devant leur nez ou presque. Non mais vraiment, c’est un cliché. La petite vieille évidemment très (trop?) accueillante qui leur offrait un thé (bienvenu ceci dit) et..blablatait. Il n’y avait rien d’autre à dire, elle blablatait, parlait, discourait, digressait en une véritable logorrhée typique des personnes âgées peut-être, qui allait de sujet de conversation en sujet de conversation comme une abeille butinant une fleur, sans cohérence mais en suivant juste son instinct. Charmant sans doute, mais quand on voulait parler d’un sujet bien précis aussi sérieux que les craintes de la vieille dame, on va droit au but on ne se perd pas dans le cours de la carotte ou la température extérieure !

Mais elle foudroya Erika du regard lorsqu’elle la désigna volontaire pour prendre des notes.

“Bien entendu, chère collègue”  fit-elle d’un ton mielleux, en sortant carnet et stylo. Saleté de licorne. “Si vous voulez bien commencer, madame..”

La vieille dame s’éclaircit la gorge, et débuta son récit. Cela commença par une histoire de bruit dans la rue le soir (et si c’était juste une bagarre de chats ? songea-t-elle, résistant à l’envie de lever les yeux au ciel tout en prenant religieusement des notes), d’ombres qui passaient trop près de ses fenêtres, une histoire de cambriolage dans le pâté de maison voisin (et à ce moment-là, elle regarda Erika comme pour lui dire mais t’as foutu quoi là). Résultat des courses, la pauvre vieille ne se sentait plus en sécurité. Encore plus avec l’assassinat du roi, insista la vieille. Quel était le rapport entre le roi et elle, Katerina se posait encore la question..A moins qu'elle ne fasse partie, par le plus grand des hasards, de la famille royale..

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Mer 25 Aoû - 22:50

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Leur hôte débuta son récit. Bien vite, Erika se saisit de la tasse de thé posée face à elle et commença à siroter la boisson chaude, son regard alternant entre la dame et sa décoration murale. La cheffe d’escouade hochait la tête de manière régulière, presque mécanique, habituée à faire semblant d’écouter attentivement le baratin de ses supérieurs ou de civils se plaignant. De toute manière, les propos rapportés par la vieille femme n’avaient rien d’incroyables. Encore un témoignage qui finirait en dessous d’une pile de dossier, ignoré par tous. Ce n’était pas le premier de ce genre – et ce ne serait pas le dernier – depuis l’attaque des rebelles. L’armée avait a priori repris le contrôle, mais les gens restaient complètement paranoïaques.

Lorsque la civile commença à diverger au sujet de son chat, Erika reposa bruyamment sa tasse vide dans sa coupelle et se racla la gorge pour se créer une opportunité de prendre à son tour la parole.


- Merci infiniment pour votre témoignage. Je n’ai nul doute qu’il participera au renforcement de la sécurité de la ville. Dans l’immédiat, nous ne pouvons agir autrement qu’en transmettant ses informations à nos supérieurs. Mais soyez rassurée : nous ferons en sorte de multiplier les patrouilles militaires au plus vite afin de garantir la tranquillité du quartier.

Eri lui adressa un grand sourire et se leva. Cela aurait pu être amusant que la laisser parler encore un peu pour faire travailler Katerina, mais la jeune femme des Brigades en avait assez d’être ici. Alors, surtout, ne pas trainer avant que la vieille n’embraye sur ses douleurs articulaires ou sur comment elle avait confectionné ses rideaux en tissu arlequin. La dame remercia et salua les deux soldates, ce qui mit fin à leur entrevue. Une fois dehors, la cheffe d’escouade prit le temps de s’étirer de tout son long avant de se tourner vers sa collègue.

- Bouarf… Il est tard et j’ai la dalle. Ça te dit d’aller bouffer un truc ? C’est pas tous les jours que tu dois pouvoir manger à Sina ! Elle marqua une courte pause, puis ajouta en riant de manière décontractée : Ouais, enfin pas un resto de riches, hein, j’ai pas le salaire d’un général, et j’imagine que toi encore moins ! Mais y’a deux trois auberges pas trop mal dans le coin, ça vaut quand même le détour.

Quant au reste de leur mission – c’était quoi déjà ? – elles pourraient faire ça plus tard dans la soirée. Ou une autre fois.



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Lun 10 Jan - 22:23
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Katerina ne leva pas la tête une seule fois alors qu’elle notait tout ce que la vieille dame commençait à radoter - parce qu’autrement, elle aurait fini par planter son crayon dans le nez d’Erika, qu’elle commençait à sérieusement détester.  C’était à cause d’elle qu’elle se retrouvait coincée dans cette situation, à subir les rondes nulles des toutes aussi nulles Brigades et à, maintenant, supporter le récit d’une vieille dame qui commençait à être de plus en plus décousu, tant il s’éloignait du sujet original. En quoi connaître les habitudes de son chat, notamment les horaires auxquelles il communiait sous les deux espèces, allait les aider à comprendre la nature de la menace que la vieille sentait peser sur elle ? Allez savoir ! Ou alors la vieille voulait à ce point faire un résumé détaillé de ses journées qu’elle se sentait aussi forcée de raconter toutes les activités de son chat parce que cela l’impactait indirectement - non là elle allait chercher trop loin. La vieille devait juste être contente de raconter la vie de son matou bien aimé.

Elle n’aurait pas dit non à une tasse de thé cependant, mais bon visiblement comme elle n’était qu’une simple troufionne et devait prendre les notes, c’était hors de question. Pff..Tant pis hein.  Elle ferait un tour dans l’auberge la plus proche pour y boire une bière, voilà tout.  Elle aurait bien besoin d’oublier cette journée de merde, le sourire arrogant d’Erika et l’ennui total de cette mission d’adaptation.Et dire qu’elle aurait pu faire un millier de choses plus intéressantes aujourdh’ui…Ah là là. Malheureusement, on n’était pas dans un monde idéal, et elle devait se payer la pire personne pour lui montrer le quotidien des Brigades.  Elle en venait presque à comprendre, un peu, pourquoi ils lui semblaient tous blasés et d’humeur je-m’en-foutiste..S’ils se retrouvaient tous à faire des missions aussi nulles..Quoique non en fait, ils avaient choisi les Brigades maintenant, ils assumaient un peu !

Mais voilà qu’Erika se levait justement, pour clôore cet entretien ma foi très enrichissant sur la façon dont  les vieux de Sina passaient leur journée. Punaise, elle espérait ne pas finir comme ça. Quoique, le risque était assez bas en fait. Katerina ne serait probablement jamais vieille. N’aurait jamais, probablement, d’enfants, de petits-enfants, de maison confortable ou de chat. Elle mourrait face à un Titan, ou alors, vu la situation actuelle, un ennemi du bataillon. C’était un peu triste quand elle y pensait, mais c’était comme ça. Elle avait signé pour cette fin… A laquelle elle ne penserait pas., parce qu’il fallait songer à son dîner !

“Bonne idée, j’ai une de ces dalles.” Bah oui, elle avait passé la journée à cheval et à faire une ronde dans Ehrmich, ça creusait. “Une de ces auberges, c’est très bien, j’ai super soif aussi.. Même si vous en faites pas, j’ai l’habitude de bien bouffer, j’m’appelle pas Volkov pour rien. Hein.” Ah, les repas bien lourds et gras de la bourgeoisie. Le bonheur..  (Est-ce qu’elle voulait emmerder Erika en lui rappelant à qui elle avait affaire ? Oui. Complètement. Elle s’était tellement pris de remarque sur son nom, que maintenant elle s’auto-taclait.)

Bref, toujours était-il, elle suivit presque sagement Erika jusqu’à l’auberge, pour finir par s’installer lourdement sur sa chaise et descendre au moins la moitié de sa bière d’un coup en attendant le dîner. Ouais non là. Elle en pouvait plus la Kate, jamais elle n’allait faire la conversation à la Licorne en bouffant. Il lui fallait une pause, d’urgence.

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Dim 30 Jan - 20:48

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Au moins, Katerina et Erika auraient été d’accord sur une chose : manger. La soldate des Brigades esquissa un sourire moqueur de façade lorsque son interlocutrice lui sous-entendit qu’elle connaissait bien la gastronomie de Sina de par ses origines familiales. A vrai dire, la cheffe d’escouade ne s’intéressait pas à la noblesse et ne savait pas quel était le rang des Volkov ; elle connaissait juste de nom ce haut-gradé de son corps d’armée. Mais effectivement, sa pique s’était adressée alors à la mauvaise personne, mais ce n’était que partie remise. Fallait dire que des nobles au Bataillon, ça courrait pas les rues. N’empêche, elle ignorait si sa camarade revenait souvent dans le centre des Murs, mais la nourriture d’ici devait bien lui manquer. Quand même. Au moins un peu.

Erika entra dans une auberge qu’elle connaissait plutôt bien. Quitte à passer une journée de merde, au moins elle s’assurait de manger convenablement. Les repas proposés par l’établissement étaient de bonne qualité sans être trop chers, et l’ambiance agréable. Il était fréquenté en majorité par des soldats et de commerçants, et elles risquaient peu d’être embêter par des ivrognes, du moins pas avant une bonne heure de la nuit. A priori. Sur le pas de porte, la jeune femme balaya la pièce du regard. Il était encore tôt, il y avait peu de monde : un couple gloussait ensemble en se lançant des regards langoureux dans le fond, un homme d’un certain âge échangeait avec le tenancier au comptoir, une chope devant lui, et un homme avec une veste arlequin sirotait un verre, seul, le regard dans le vide, un instrument de musique et un sac de voyage posé à côté de lui.

On leur indiqua une table pour deux à côté de la fenêtre. Eri demanda un verre d’alcool fruité pour commencer, puis plongea son nez dans la carte des menus. Elle hésita longtemps pour le style, mais elle avait déjà fait son choix avant même d’entrer : elle avait envie de pommes de terre sautées. On servit aux deux soldates leurs boissons respectives et elles purent commander leur plat dans la foulée. Aussitôt le serveur parti, Erika voulut engager la conversation : aussi désagréable son interlocutrice fut-elle, pas question de manger à la vue de tous dans un silence pesant de malaise et d’animosité. Mais dans ces cas-là, il fallait avouer que la cheffe d’escouade n’était pas du genre à vouloir échanger des banalités. Non, la seule manière de rendre la discussion un tant soit peu intéressante était de poursuivre ce que les deux jeunes femmes n’avaient cessé de faire depuis le début de leur mission : tenter d’avoir le dessus sur l’autre à coup d’ironie et de railleries bien placées. A condition, bien sûr, qu’Eri ait le dernier mot.

Mais Katerina ne l’entendait visiblement pas de cette oreille, car au moment où la soldate des Brigades ouvrit la bouche, elle se saisit de sa chope de bière et s’enfila pratiquement la moitié d’une traite. Erika la regarda faire, mi-amusée, mi-ébahie, les yeux écarquillés malgré elle et la bouche figée dans un éternel sourire moqueur. Elle souffla du nez lorsque sa collègue reposa sa bière et ne put s’empêcher de lâcher :


- Ah ouais, tu ferais p’tête une meilleure carrière à la Garnison, finalement. T’as une sacrée descente !

Erika recula son verre pour poser ses bras sur la table et puis son menton sur ses mains. Elle fixa Katerina quelques instants en silence, toujours le sourire aux lèvres. Cette histoire de Volkov lui revint à l’esprit.

- Le haut-gradé Volkov des Brigades c’est un proche à toi, j’imagine ? Comment tu t’es retrouvé dans le Bataillon avec tes origines ?

Pour une fois, il y avait une sincère curiosité derrière ses paroles. La cheffe d’escouade avait connu les bas-fonds de la capitale et s’était battue pour obtenir la vie stable et sécure qu’elle menait actuellement. Alors, elle ne comprenait pas comment quelqu’un qui ne manquait de rien pouvait tout plaquer pour offrir son cœur et sa vie à l’humanité, comme ils se plaisaient à le dire.



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Mar 22 Fév - 22:23
Adaptation

Affalée sur sa chaise, Katerina se comportait exactement à l’inverse de la façon qu’on aurait cru d’elle vu son nom : comme une sauvage sans manières. Elle était vidée. Mentalement et physiquement. Elle ne désirait qu’une chose : rester assise sur cette chaise et surtout. Manger. Elle n’aurait pas pensé avoir aussi faim, et pourtant, voilà.  Elle n’avait plus l’habitude de courir autant dans tous les sens. Ni de se payer l’exposé de la vie d’un chat, aussi bien. Elle avait  eu comme l’impression que son âme se faisait aspirer, en même temps que sa joie de vivre. C’était terrifiant. Elle avait besoin d’un remontant, fort - et c’est pour ça qu’une fois sa bière arrivée, elle en engloutit la moitié d’un coup. Là, ça allait mieux. Elle se sentait plus réveillée. Presque assez pour causer avec la Licorne de façon plus ou moins satisfaisante. Pas polie en tout cas. Elle lui avait trop cassé les ovaires.

"Ouais bah excusez-moi, j’ai passé une journée de merde, cette mamie m’a complètement achevée. Si elle parlait de son chat cinq minutes de plus, j’allais devenir dingue.” Ouais. Plutôt qu’un titan, c’était une mamie qui avait eu raison d’elle.  Pitoyable. Finalement, peut-être que le plus grand danger venait bien des humains à l’intérieur des murs, plutôt que des titans qui étaient plus l’équivalent de grands animaux. De gros animaux anthropophages particulièrement retors, mais juste des animaux.  Mais cette mamie, là, elle dépassait tout.“Marrant que vous parliez de la garnison d’ailleurs, mon père y est. Ici-même, à Ehrmich...”

Enfin, non pas que ça lui ait valu le moindre privilège dans l’armée hein. En formation, elle s’était faite repérer dés le premier jour, et pas en bien. On lui avait bien fait comprendre que les traitements de faveur, ce n’était pas le genre de la maison. Et tant mieux. Et après..Au Bataillon, le nom Volkov ne signifiait rien. Enfin si, il était devenu synonyme de “Volkov arrête de foncer  tête baissée” ou “ Volkov, corvées de latrines pendant une semaine”. Alors niveau privilège. Hein. Voilà. Si elle était entrée aux Brigades peut-être, peut-être ! que là, il y aurait eu des gens pour la traiter comme une précieuse poupée fragile. Ou que d’aucuns se seraient empressés d’essayer de s’attirer ses faveurs. Mais franchement, est-ce que ça lui aurait plu ? Non. C’était agréable, d’être vue comme tout le monde, en fait.. En vrai, une question à se poser, ça serait de se demander, dans le cas où un jour elle avait des enfants, si eux seraient traités d’une façon particulière au Bataillon.  Probablement comme des menaces en puissance, en fait.

Mais la gradée n’en avait pas terminé, visiblement, et se mettait à lui poser des questions. Ah tiens, elle voulait faire la conversation maintenant. Connaître le cas Katerina Volkov. Ma foi, hein.

"Ouais, le Konstantin Volkov, c’est mon oncle et on peut pas vraiment dire qu’on soit proches. On peut pas se blairer. C’est limite s’il reconnaît mon existence, alors c’est pas en lui parlant de moi que vous pourrez vous attirer ses faveurs pour une promotion.” Non mais valait mieux le préciser tout de suite.Ceci dit, si le rapport d’Erika à propos de cette journée d’adaptation finissait entre les mains du tonton, sa tête serait sans doute assez drôle.  Elle se demandait bien ce que la licorne écrirait sur elle, tiens.“Enfin je dis ça mais... Les Volkov aux Brigades, c’est pire que de la mauvaise herbe, ça se répand partout. J’ai des cousins là-bas, plus le fils d’une tante qui s’appelle Schuyler, du coup mais...” Elle ne put retenir la déconfiture d'apparaître sur son visage. Tous pareils. En vrai, la tendance des Volkov à placer les leurs aux Brigades était la preuve que la chasteté, c’était bien.“Vous êtes aussi bien placée que moi pour savoir que plus les gens sont riches, moins ils ont de manières. Je les déteste, tous. Je supportais pas le milieu, les gens qui décident toute votre vie dés votre naissance et qui vous traite comme de la merde parce que vous êtes une fille.” Hein. “Et puis surtout…je voulais voir ce qu’il y avait au-delà des murs. Mithras, c’est pile au centre des Murs, alors j’ai vécu avec un horizon toujours bouché, d’une certaine manière. ” Elle avait eu l’impression d’être en cage. L’avait toujours. Elle se sentait oppressée, réprimée...opprimée peut-être ? En ce moment oui en tout cas. “Même si avec la chute du mur Maria, je n’ai jamais pu avoir ne serait-ce qu’un aperçu de l’extérieur..” Sa voix s’était un peu éteinte. “Mais ça ne m’empêche pas d’y croire. Autrement, autant retourner à Mithras jouer à la jeune fille de bonne famille.” Le personnage qu’elle n’avait jamais été. Qu’elle ne pourrait jamais jouer.Ce n’était pas elle.

"Et vous, pourquoi les Brigades ? Pour se la couler douce, comme les trois quarts des gens qui veulent y aller ?"

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Sam 25 Juin - 23:15

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Pour une fois, Erika porta de l’intérêt à ce que lui racontait Katerina – c’est elle qui l’avait questionné, après tout. Elle l’écouta donc sans l’interrompre, et prit d’ailleurs son temps avant de lui répondre.

Ainsi donc sa famille semblait prendre sa place dans l’armée : dans la Garnison et surtout les Brigades Spéciales, apparemment. En entendant la manière dont sa camarade parlait de ces parents et du lien qui ne les unissaient visiblement pas, la cheffe d’escouade supposa qu’elle était la seule de sa lignée à avoir rejoint les rangs du Bataillon. Cela dit, tout cela voulait dire qu’Eri avait sans doute déjà dû avoir l’occasion de travailler ou échanger avec l’un de ces fameux cousins sans le savoir. Et vu comment elle respectait ses propres collègues et sa hiérarchie, c’était probablement déjà mort pour la promotion, rapport sur Katerina ou pas. De toute façon, ça ne l’intéressait pas : trop de responsabilités. La soldate des Explorateurs poursuivait en expliquant sa volonté de savoir à quoi ressemblait le territoire des titans.


- C’est joli, murmura Erika avec un sourire un peu triste. Sans doute était-elle sincère, mais elle se garda de souligner l’aspect enfantin qu’elle associait à ce rêve. Elle marqua une courte pause, se redressa puis s’adossa à sa chaise avant d’enchainer : Enfin, personnellement j’attendrais qu’on m’assure que le paysage vaut le coup d’œil avant d’aller y risquer ma vie. Pas envie de crever juste pour voir une prairie, enfin tu vois. Ceci dit, avec une famille comme la tienne, peut-être que moi aussi j’aurais voulu aller me suicider comme ça.

La soldate à la Licorne but quelques gorgées de son verre avant de répondre à la question que lui avait renvoyé son interlocutrice, à savoir pourquoi elle avait rejoint les Brigades Spéciales, en sous-entendant d’ailleurs que c’était pour le confort que cela apportait.

- Oui, se la couler douce, ça résume plutôt bien. Je cherche pas à m’en cacher, d’ailleurs. Ça sert à rien, cette réputation est bien trop connue de toute façon. J’ai le grade parfait pour éviter le sale boulot sans avoir trop de responsabilités. Bon, je suis d’accord avec toi, c’est tous des cons dans le milieu, et la paperasse c’est un peu chiant, mais en échange d’un salaire correct, de ne pas avoir à s’inquiéter des titans et d’avoir un toit et une assiette, je trouve que c’est pas si mal payé.

Erika s’arrêta là dans les explications de son choix de vie, interrompue par le service de leur repas – de plus, elle n’avait aucune envie de se justifier davantage auprès de Katerina quant aux raisons qui l’avaient poussée à vivre au centre des Murs. La soldate remercia vivement le serveur, ravie de pouvoir passer à table. Mais même avec son assiette garnie, l’idée de dîner en silence la barbait toujours autant.

- Bon du coup désolée, pour le coup cette mission ensemble c’est pas trop des paysages de rêve ! Mais si tu veux relativiser, dis-toi que c’est toujours une plus belle vue que celle de votre commandant.

La jeune femme goûta une première pomme de terre. Elle était dorée et légèrement croquante, à souhait, quoiqu’elle manquait un peu de sel.




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Sam 22 Oct - 18:42
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La situation, à table, semblait s’être apaisée. Ou plutôt, pour la première fois depuis la fin de la journée, Katerina parvenait à trouver la cheffe d’escouade supportable. Parce qu’enfin, Erika semblait d’humeur à voir un peu au-delà des apparences ; ce qui se cachait sous le cas Katerina Volkov. Tête de pioche, emmerdeuse professionnelle et chien enragé de son état. Ma foi,c’était mieux que ce à quoi elle avait droit habituellement hein ? Du mépris, de la condescendance, du paternalisme, et d’autres gentillesses de ce genre…

Alors elle parlait, parlait, parlait. Katerina se racontait à cette quasi-inconnue, son enfance étouffante, le mépris de sa famille, ses rêves de reconquête du Mur Maria. Tout ça lui semblait si vieux d’un côté, si vieux et si futile, à cause de la mort d’Immanuel. Elle avait l’impression d’avoir pris quinze ans d’un coup, se sentait vieille et fatiguée. C’était de sa faute, non, s’il était mort ? Elle avait déjà failli le tuer par son côté tête brûlée…

“Ca n’a pas à être joli. C’est mon rêve. C’est tout.” Cela avait été son rêve plutôt. Et maintenant..Et maintenant.. Et maintenant que devait-elle faire ? Faire son possible pour protéger le bataillon, libérer Erwin Smith ? Assassiner des rebelles importants pour les remplacer par des personnes plus...aptes à soutenir le Bataillon ? Elle aurait ricané devant son cynisme, un an plus tôt.  Mais des choses horribles s’étaient passées, et Katerina Volkov errait désormais seule dans son existence. “Et c’est ce en quoi on sera toujours différentes,cheffe d’escouade. Moi, je n’attends pas que les autres prennent des risques pour moi.” Ironique vu ce qu’il s’était passé pendant l’expédition, hein ?

“Au moins vous êtes honnêtes là-dessus..” Elle fronçait pourtant le nez, dégoûtée. Vouloir se la couler douce, ça ne serait jamais pour elle. Elle avait trop connu le luxe indécent du mur Sina, et le revers de la médaille. Obéis, sois plus souriante, tiens-toi droite, ne proteste pas pour rien, tu n’es pas féminine du tout Katerina, arrête tes sottises ! Éternelle litanie prononcée par presque tout son entourage. Erika ne pourrait jamais comprendre complètement ; sans doute qu’elle aurait voulu être à sa place. Katerina, elle, aurait fait n’importe quoi pour naître dans une famille normale. Vivre avec son père, sa mère, dans une maison normale, pas l’espèce de manoir qui valait le prix,au moins,de cinq maisons moyennes du Mur Sina..

Être elle-même, aussi peut-être ?

Mais voilà que le repas arrivait, et Katerina recommanda de quoi boire. Pas une bière. Du vin. Une bouteille complète. La bière n’était pas assez forte, elle avait les souvenirs mauvais, cette envie permanente de pleurer en repensant au gâchis qu’était sa vie depuis la mort d’Immanuel et la position si précaire du Bataillon. On allait la forcer à rejoindre la Garnison ou les Brigades, et elle allait passer le reste de sa vie à pleurer sa vocation perdue, à devenir amère, mauvaise, méchante, pour finir sa vie haïe de tous. Sauf si le Caporal allait trouver un moyen de sauver le Major et le bataillon au passage… Si, si, si. Elle n’aimait pas jouer sa vie sur de l’expectative, et pourtant…

“J’en ai tellement assez, parfois.” murmura-t-elle. “Ne pas savoir si demain le bataillon sera dissous, avec le Major sous les verrous. Ne rien pouvoir faire pour améliorer la situation." Et son esprit volait vers le Major emprisonné. Son Major. Celui qui lui avait suffisamment inspiré confiance pour qu’elle accepte de servir sous ses ordres, même s’il ne connaissait probablement pas son nom ou son existence, à part au détour d’un rapport…Et maintenant...Et maintenant...

Et elle se servit un premier verre de vin.

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Sam 26 Nov - 22:23

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Adaptation



Visiblement non-contente de s’être déjà enfilée une pinte de bière, Katerina demanda une bouteille de vin, qui rejoignit rapidement leur tablée. Erika haussa les sourcils mais se garda de toute réflexion. Du moins pour l’instant. Elle continua de manger silencieusement, en écoutant la soldate du Bataillon d’Exploration lui faire part de ses états d’âme. Lorsque sa cadette se servit son premier verre de vin, la cheffe d’escouade supposa qu’elle en avait terminé.

- C’est sûr que vous êtes dans une sacrée merde, souffla-t-elle sur le même ton que son interlocutrice. Cependant, il y avait une chose évoquée par la rousse qui l’avait chiffonné et sur laquelle elle voulait revenir. En poursuivit avec davantage d’aplomb : Mais, désolée, tu te trompes en pensant que je laisse les autres prendre des risques pour moi. En réalité, je m’en carre pas mal de vos expéditions et de ce qu’elles pourraient apporter à l’humanité. Si ça réussit, tant mieux pour vous, et si ça foire, je m’en tape, c’est votre problème. En fait, personne n’a jamais demandé à ce que vous alliez vous sacrifier, vous avez tous décidé de sortir des Murs de votre plein gré et en connaissance de cause. Et, honnêtement, je crois que la quasi-totalité de Sina pense la même chose. Ne nous faites pas porter le poids des responsabilités vous avez choisi de prendre juste parce que nous, on a décidé d’avoir une vie normale.

Pour une fois, Erika n’avait pas tenté d’être moqueuse ou condescendante. Elle avait exprimé son point de vue avec calme, sérieux et franchise. Il était vrai qu’elle ne se préoccupait pas vraiment des activités du Bataillon d’Exploration, et l’arrêt de ses expéditions ne lui avait fait ni chaud ni froid. Si quelqu’un désirait offrir son cœur à l’humanité de cette façon, au fond, cela lui était égal. Du moment que l’on ne jugeait pas ses propres décisions. Avant tout, si la jeune femme c’était adonné à taquiner Katerina tout au long de cette mission, c’était plus par complaisance de ses réactions explosives qu’à cause de son appartenance aux Explorateurs. Et la cheffe de Spéciale avait beau se comporter de manière désinvolte et railleuse, cela lui tenait à cœur que ses choix de vie ne soient pas remis en question.

La brune reprit son repas – elle n’avait pas pour projet de manger froid – mais ne put se retenir de scruter le visage de la soldate en face d’elle. Elle n’avait pas trop comment sa cadette allait régir à cela : depuis plusieurs minutes, il semblait qu’elle avait mis de côté son tempérament impertinent pour davantage de mélancolie. Discrètement – du moins, autant qu’il était possible d’être discret en se saisissant d’une bouteille posée au milieu de la table – Eri se servit à son tour du vin – disons qu’elle tenta de remplir son verre le plus naturellement possible, sachant que ce n’était pas elle qui avait commandé. Elle ne savait pas si Katerina était déterminée à la descendre entièrement, mais valait mieux l’y aider un peu. Car, si une partie d’Erika était curieuse de voir ce que pouvait donner une tornade de flammes éméchée, elle avait peu envie de devoir payer l’intégralité du repas car sa camarade n’était plus en état de trouver sa bourse.  






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