Jour de marché à Krolva. Le district ouest du Mur Rose s'éveillait ce jour sous la mélodie des marchands mettant en branle leurs étales, installant leurs produits. On sortait les pommes de terre du chariot dans des cagettes et on les installait convenablement, rangées par taille. On époussetait les tissus cousus, recousus, souvent tissés à la main avant de les plier et de les installer sur l'étalage. On faisait chauffer le petit four à pain à l'extérieur de la boulangerie, et on y enfournait les premières pâtes. On présentait ce qu'on pouvait présenter de mieux, en ces temps difficiles. Le prix des légumes avaient flambé, sans parler de celui de la viande, pratiquement inaccessible à présent pour les petites bourses. Ce met était dorénavant réservé à la cour et aux nobles, ainsi qu'à l'armée parfois.

La matinée filait, l'aube laissait place à un ciel d'un bleu éclatant. La journée serait bonne. Milieu du matin, la foule s'avançait et s'entassait sur la rue principale du district. Partout on marchandait, partout on s'arrêtait pour discuter avec une connaissance. La vie semblait paisible malgré tout, malgré tout ce qu'il se passait, tout ce qu'il s'était passé ses derniers temps. Parfois, si on y prenait garde, on pouvait apercevoir une main habile décrocher une bourse et disparaître entre les autres. Partout où il y avait de la paix, il y avait aussi du chaos.

Un autre chaos se trouvait au milieu des gens, qui passaient impassibles. Maman ? Maaaamaaaaaan !! On appelait. Personne ne répondait. Du haut de ses quatre ans, il recommençait, immobile au milieu des gens. Maaaaaaaaaamaaaaaaan ! Personne ne répondait. Il se tut, se mordit l'intérieur de la joue. Il était perdu.