Voler de ses propres ailes

Cela ne faisait qu’à peine vingt-quatre heures, que nous avons fait le choix le plus inconscient de rejoindre le bataillon d’exploration, que je ne pouvais m’empêcher de faire des insomnies. Non pas que rejoindre cette escouade me terrifiait au point de m’empêcher de fermer de l’œil, mais j’étais plutôt inquiet pour Annie. Nous…enfin par nous je voulais dire Reiner, avait décidé qu’elle puisse rejoindre les brigades spéciales. Je devais admettre que cela n’avait pas été difficile de la convaincre, étant donné qu’elle était même partante. Au moins, cette fois-ci, ils n’avaient pas eu à en venir aux mains, ce qui m’avait rassuré d’une part. J’aurai plutôt pensé que Reiner aurait fait le choix que nous restons groupés. Non pas que c'était une très mauvaise idée, d’avoir une personne à l’intérieur des murs Sina, mais suite aux dernières événements survenu au district de Trost, un nouveau plan de bataille allait se mettre en place. Annie à nos côtés nous aurait été utile.

Surtout que nous étions au courant, que la famille royale actuelle, n’avait aucun lien avec Karl Fritz et qu’il nous fallait mettre la main sur Eren pour compenser l’originel. Cela pouvait sembler égoïste de ma part, mais je souhaitais achever cette mission le plus rapidement possible. Eren Jäger allait être notre billet de retour. À défaut de leur ramener l’originel, il aurait pu se contenter d’un primordial perdu.

J’allais faire quelque dessus, auprès de mes camarades. Surtout ceux qui avaient fini par trouver une nouvelle façon ludique de prédire le temps qu’il faisait grâce à mes positions peu conventionnelles durant mon sommeil. N’ayant pu trouver un sommeil lourd et constant, j’avais fini par me lever tôt. Pour une fois, je n’étais pas le dernier, à la grande surprise de mes camarades et aussi à leur grande déception. Pas besoin de décrypter les regards de Reiner pour savoir, qu’il était au courant sur les raisons de mon problème de sommeil. Il m’en avait même touché un mot, un peu avant de faire ma toilette. Je préférais laisser penser que rejoindre le bataillon m’angoissait. Surtout le speech que le commandant Erwin nous avait fait. Notamment sur les révélations concernant la fameuse pièce secrète située sous la maison d’Eren. J’ignorais toujours, pourquoi il nous avait lâchés de telles informations. Tout, était-il, qu’il fallait s’activer à un nouveau plan. Les habitants des murs savaient à présent, qu’un humain pouvait se changer en titan. Les plus perspicaces comme Armin allait même à dire que le titan colossal et cuirassé, étaient intelligent. Plus cette mission s’éternisera, plus l’ennemi, finira par faire la lumière sur l’origine des titans. Reiner m’avait rassuré que la prochaine expédition extra muro, allait nous permettre de faire avancer les choses. Surtout qu’elle aura lieu dans un mois, j’espère que nous serons prêts.

J’avais tronqué la veste de la brigade d’entraînement à celui du bataillon d’exploration. Arpentant les couloirs de notre nouveau camp de base à la recherche de la sortie. Histoire de prendre une bonne bouffé d'air avant le déjeuner. Le château était vaste, au point, je m’étais même perdu. Je voulais également me rapprocher de l’unité mis sur pied pour surveiller. Ces derniers l’avaient installé dans les sous-sols, craignant qu’il se changer en titan. Visiblement, ils ignoraient encore le déclencheur. Apparemment même lui, se posait des questions. Tant qu’à faire, je décidais de rejoindre les autres, puis soudains, une silhouette me heurta avant de se retrouver au sol.

-Non ne vous excusez pas. C’est ma faute, répliquai-je nerveusement les bras tendus le long du corps, me courbant à répétition pour accompagner mes paroles. Avec ma taille, ce n’était pas anodin qu’une personne puisse me heurter. Surtout que j’étais perdu dans mes pensées, cela ne faisait pas très professionnel.

J’ignorais s’il s’agissait d’un chef d’unité, d’un autre côté, je ne cherchais pas des ennuis. On disait beaucoup de choses sur les soldats du bataillon d’exploration. J’ose espérer qu’elle ne puisse pas avoir le même tempérament que le caporal Livaï. Ce mec me terrifiait.

-Oui, je suis me suis perdu, avouai-je mal assurer, en me grattant l’arrière du crâne, l’air idiot et gêné par la situation. Enchanté, moi c’est Bertolt, dis-je en l’aidant à se relever. J’ignorais s’il s’agissait d’une de mes supérieurs hiérarchiques, il fallait que je puisse faire au moins bonne impression.

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Voler de ses propres ailes

Je devais admettre que sa réaction me laissa quelque peu perplexe. Je ne savais pas comment je devais réagir. Il se pourrait que ça soit un test ou une ruse de la jeune femme, afin de me prendre par surprise. J’aurai beau m’interroger sur ses intentions, je n’en restais pas moins innocent. D’un côté, j’étais inquiet pour Annie, qui avait dû rejoindre les brigades spéciales sans soutien, et de l’autre, le major Erwin était persuadé qu’il existait un traître parmi nous. Bon, je ne cherchais pas d’excuse sur notre regrettable accident, sachant que le coupable était tout trouvé. Je suis autant coupable qu’elle d’avoir été étourdi. Par contre, je fus tout même soulagé que la jeune femme m’annonça qu’elle n’était pas du tout gradée. D’où le refus d’être vouvoyé, je comprenais maintenant. Bien que la raison qu’elle avança ensuite, me laissa à nouveau perplexe. Je trouvais cela un peu tiré par les cheveux. Je ne voyais pas le rapport entre ma politesse et son âge… peu importe, j’effaçais cela rapidement de mon esprit.

-C’est noté, Katerina, répondis-je avec peu d’assurance.

J’ignorais comme elle l’avait prise dans sa tête, mais je ne la voyais pas si vieille que ça. En même temps, il était difficile d’avoir une idée précise sur son âge. Du haut de ma taille, j’avais toujours eu du mal à me prononcer sur les personnes qui n’étaient pas aussi grandes que moi. Elle me donnait l’impression d’avoir quelques années de moins que moi, mais comme on le disait souvent, l’habit ne faisait pas le moine. Étant rassuré que notre petit incident, ne l’avait pas affecté, un sourire sardonique déforma mon visage, lorsqu’elle compara notre camp de base à un labyrinthe.

Maintenant, que Katerina s’était remise sur ses deux pieds, j’avais idée globale sur sa taille. Elle n’était effectivement pas si grande que ça, mais j’essayais de ne pas la regarder de travers, me plongeant sur l’énigme que venait de me poser. Autant éviter au maximum de la vexer. Jusqu’ici, j’avais pu échapper à ma culpabilité concernant l’incident, autant que ma bonne fée continuait de faire son travail. Ne sachant pas quoi lui répondre, je m’empressais de saisir la perche qu’elle venait de me tendre.

-Si cela ne te dérange pas, j’en serai ravie, confiai-je en me grattant à nouveau le crâne.

En temps normal, je comptais jeter un coup d’œil au sous-sol, histoire d’en apprendre plus sur la transformation d’Eren, mais j’étais dans l’obligation d’abdiqué. Mon impatience, à vouloir clore rapidement cette mission d’infiltration risquait de nous coûter cher. Nous étions restés assez longtemps sous couverture, j’étais tellement impatient de retrouver ma pauvre mère.

-Cet endroit est vraiment immense, dis-je en balayant l’assemblée du regard, je voulais faire les cent pas, histoire de prendre un peu mes marques, ajoutai-je le sourire idiot. Je ne savais pas si elle allait me trouver barbant, mais bon, j’essayais de faire la conversation, histoire de repartir sur des nouvelles bases. Pour ne pas dire de bonnes bases.

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Voler de ses propres ailes

-Kate ! Autant pour moi.

Rectifiais-je en me grattant à nouveau l’arrière du crâne exprimant irrémédiablement ma gène. Je ne pensais pas qu’elle me compterait aussi rapidement parmi ses amis. Cette fille était d’une spontanéité, j’avais peine à la suivre. J’ose espérer que mon manque de tact et mon attitude réservé ne me portera pas préjudice à ses yeux. Elle semblait vraiment sympa avec moi, mais le problème ce n’était pas elle, juste moi. Notamment, lorsqu’elle me fit un gentil rappel à l’ordre concernant le fonctionnement de la hiérarchie au sein du bataillon d’exploration.

D’après ce que je venais de comprendre, certains de nos supérieurs s’en fichaient des formalités, préférant entrer dans le vif du sujet. Bien sûr, cela ne nous donnait pas le droit de leur faire du rentre-dedans quand ça nous chantait. La comparaison risquerait de me faire mal, mais cela me changeait beaucoup de l’armée Mahr. Annie, Reiner et moi, étions des guerriers Mahr. Non seulement, nous étions tout en bas de la chaîne hiérarchique, mais nous avons été également des citoyens de classe inférieure de par nos origines avec les Eldiens. Nos supérieurs, sous-officiers et hauts gradés, qui n’étaient d’autre que des soldats Mahr, exigeaient le plus grand respect de leur fonction. En tant que guerrier Mahr et guerrier titan, nous étions dans l’obligation de répondre à leurs besoins sans aucune objection.

Nous n’étions même pas censés exister à leurs yeux. Nos ancêtres étaient responsables de plusieurs crimes contre l’humanité. Alors je me voyais mal faire copain copain avec l’un d’entre eux. Ce fut grâce à la sueur de mon front que j’avais fini par gagner un minimum de respect aux yeux de mes supérieurs, en bradant le rang de guerrier Mahr, assurant un avenir radieux pour ma mère. Fini les camps d’internement, ma famille était devenus citoyen Mahr.

-Non, je t’assure cela ne me dérange pas, répliquai-je en me grattant encore l’arrière du crâne, c’est ma faute, j’aurai dû être plus attentif…enfin je veux parler du nom pas de l’incident, corrigeai-je.

J’admettais que prendre un peu d’air m’aurait fait énormément de bien, histoire de souffler. Surtout décompresser un peu avec la menace que le Major Erwin faisait planer au-dessus de nos têtes. Même si mon enquête sur les origines du titan dont détenait Eren m’intriguait, mais bon chaque chose en son temps.

-Ok, va donc pour le réfectoire, répondis-je avec un sourire amical.

Tout timide que j’étais, je me mis à la suivre sans poser de question. Un pas derrière elle. J’avais toujours cet effet lorsque je tombais sur une personne avec une forte personnalité. Je préférais me mettre à l’écart sans trop donner mon avis. Si elle pensait qu’on pouvait d’abord visiter l’intérieur avant de pouvoir visiter la cours, alors Kate devait avoir une bonne raison. Qui sait, j’apprendrais sûrement des choses en visitant d’abord le château.

Lorsqu’elle m’interrogea sur l’attaque du district de Trost, mon cœur fit un bond. Je ne souhaitais pas m’exprimer à ce sujet, et même avec Annie et Reiner nous n’avions jamais pris le temps d’en discuter. Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait rien à dire. C'était l'unique moyen pour nous, de pousser le Roi Fritz à se livrer. Sans m’en rendre compte, j’avais les yeux baissés vers le sol et le visage rempli de tristesse.

-Oui en effet. Beaucoup d’entre nous, avons perdu des camarades ce jour-là…mais ce fut tellement dur que je ne souhaite pas vraiment en parler.

Aucun mensonge ne pouvait être retranscrit dans ma voix. Ma culpabilité avait fini par se changer en tristesse avec le temps. Je sentais également que ces événements avaient bouleversé la vie de Kate. J’ose espérer qu’un jour, ils comprendront nos intentions…en fait non, ils ne comprendront probablement jamais. D’un autre côté, ils n’étaient pas responsables, mais faisaient partie d’un plus grand sacrifice. Le destin de l’humanité était entre nos mains, nous étions dans l’obligation de réussir cette mission. Même si l'originel daignait à se montrer. Je m’abstins donc à lui demander qui elle avait perdu.

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