« Escouade Rosenwald vous serez de repos ! »

Bam, les frissons. Si il y a bien une phrase qui peut hérisser les poils de tout soldat en faisant circuler une dose incommensurable de satisfaction dans l'ensemble de son corps, c'est bien celle-ci ! Ça ainsi que la fameuse "Je t'invite au resto". Comme quoi le bonheur n'est pas si difficile à atteindre, il suffit d'une phrase. Après une journée de service rigoureuse, Irene s'est vue offrir son repos et la voilà donc aujourd'hui à glander dans les rues de Karanes. Enfin, glander est un grand mot, elle aurait pu rester chez elle à littéralement rien foutre et se reposer au sens propre du terme mais bon, par une si belle journée ensoleillée il aurait été dommage de ne pas en profiter pour sortir quelque part et faire quelques emplettes. Même si aux yeux d'Irene c'est souvent rien de plus qu'une excuse, sortir c'est bien mais sortir pour rien c'est juste chiant, c'est pas parce qu'on s'ennuie au soleil qu'on ne s'ennuie plus. Du coup, faire les boutiques c'est divertissant et puisqu'elle est probablement la seule membre de la Garnison à ne pas faire tomber son salaire dans l'alcool, il lui faut bien l'écouler quelque part ! Pour sa part, c'est dans la nourriture, les habits et le maquillage que son argent part, sans compter les quelques achats plus ou moins utiles à côté. Et à son plus grand plaisir, le district de Karanes qui regroupe une myriade de passants propose toutes sortes de boutiques, de quoi trouver son bonheur dans toutes les catégories.

Un sac déjà bien rempli à la main, Irene passait parfaitement inaperçue au milieu des civils grâce à son physique. Qui irait imaginer que cette femme svelte aux longs cheveux châtains clairs détachés et habillée d'un fin chemisier bordeaux accompagné d'un pantalon noir, lui même rentré dans de longues bottes de la même teinte serait en réalité un soldat ? Et pas des moindres, une cheffe d'escouade qui fait partie des rares soldats de la Garnison à faire son travail ! C'est d'ailleurs la seule chose qu'elle n'aime pas lors de ses jours de repos, quand on voit les soldats d'un point de vue externe, ça veut dire que c'est ce que voient les civils. Et voir les soldats glander, picoler et jouer aux cartes en uniforme lorsqu'elle est en repos, il est désolant de constater que c'est l'image la plus imposante que son Corps d'armée renvoie. Malheureusement, impossible de remédier à la flemmardise de soldats ayant raté les brigades spéciales et ayant eu trop peur pour intégrer les bataillons d'explorations et qui ont donc rejoint la garnison pour rester tranquille, même en service elle ne peut rien faire à ce sujet alors Irene tentait de retirer cette image de sa tête en poursuivant sa journée. Il lui restait encore quelques pièces pour son solde de dépenses, en gardant de côté une somme suffisante pour se payer un café quelque part après avoir terminé, elle pouvait encore acheter un petit truc. Restait à savoir quoi, et c'est dans ces moments où l'on fait les boutiques sans idée en tête qu'on fait les meilleures découvertes, c'est ce qui se confirmait à elle lorsqu'elle arrivait près d'une petite mercerie. À vrai dire Irene ne connaîssait même pas ce mot, une "mercerie" ? On dirait le nom d'un truc qui se mange mais qu'on ferait mieux de ne pas manger. Sans la ribambelle de couleurs qu'elle pouvait apercevoir sous forme de pelottes et autres rubans à travers la vitrine, elle n'aurait jamais mis une définition sur ce mot. Ça doit être là qu'on achète de quoi coudre et tricoter, des activités qui échappent totalement à la femme tant elles ont l'air ennuyeuse à ses yeux. Mais bien qu'elle ne pense pas y prendre le moindre plaisir, un souvenir d'un de ses uniformes ayant perdu son petit écusson de la Garnison lors d'un de ses entraînements lui vint en tête. Irene haussait même les épaules à cette idée avant de se décider à entrer dans cette mercerie, après tout ce serait bête d'embêter les couturiers pour un si petit travail et puis ça ne devrait pas être si difficile à arranger n'est-ce pas ? Une fois à l'intérieur, sa logique de déduction l'amenait donc à chercher à se procurer une aiguille. Une aiguille et puis... Et puis quoi ? Et puis qu'est-ce qu'elle était censée faire de cette aiguille même ? En tenant le petit objet entre son index et son pouce et l'analysant sous tous ses angles, Irene ne comprenait vraiment pas. À la limite ça doit facilement neutraliser quelqu'un en le plantant dans l'œil mais bon... En fait en prendre une petite dizaine devrait s'avérer utile pour ce point mais en terme de couture ? Elle qui analyse et comprend tout si bien, un vulgaire petit bout de métal venait de lui clouer le bec.

Codage par Libella sur Graphiorum